Les Non-Faire Des Sorciers - L’Ultime Héritage
Séminaire de Koottu, 1998
Les disciples du nagual Juan Matus – Carlos Castaneda, Florinda Donner-Grau, Taisha Abelar et Carol Tiggs – sont profondément intéressés par l’acte de disséminer le concept et la pratique de quelques mouvements anciens, découverts et développés par les chamans qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, des mouvements qu’ils appelaient eux-mêmes des passes magiques, à cause de leurs effets stupéfiants sur notre état de bien-être, notre plénitude et notre équilibre mental et physique.
Ces mêmes mouvements furent l’ultime héritage, pour ainsi dire, que don Juan Matus laissa à ses disciples. L’effet le plus surprenant produit par ces passes magiques est l’effet des passes magiques pour le non-faire. Le non-faire a été défini par les anciens chamans du Mexique comme : la condition dans laquelle un flux originel d’énergie, qui est la force qui nous maintient en tant que champs d’énergie, est momentanément interrompu, donnant de cette façon une milliseconde de temps au corps entier pour changer de direction, en termes d’idées et de comportements que les êtres humains pratiquent depuis le moment où ils sont nés.
Le non-faire était un terme utilisé par don Juan Matus pour désigner une dissonance cognitive spécifique, c’est-à-dire, un processus cognitif au moyen duquel ce qui semble être un flux naturel d’activité est délibérément interrompu pour créer un état de chaos cognitif momentané. Par exemple, don Juan soutenait que bien qu’il y ait suffisamment de place dans la chaussure droite pour qu’elle soit portée par le pied gauche, nous n’osons pas le faire. Nous pourrions le faire s'il s’agissait d’une blague, mais pas comme quelque chose de sérieux. Le "faire," pour don Juan, était de porter les chaussures de la façon dont nous le faisons, de façon ‘normale’. Le "non-faire" était de délibérément inverser cet ordre et de porter la chaussure gauche avec le pied droit et la chaussure droite avec le pied gauche.
D’après don Juan, les chamans qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, les fondateurs des lignées de sorciers, utilisaient ces états de chaos momentané créés en s'engageant délibérément dans des actes de non-faire, afin d’établir la fluidité nécessaire à la pensée et à l’action. Don Juan, aussi bien que les sorciers de sa lignée, croyait que les processus cognitifs de la vie quotidienne sont tellement envisagés comme allant de soit, que la totalité des êtres humains socialisés n’ont pas la possibilité de changer et d’innover de manière authentique. Don Juan lui-même était convaincu que l’homme moderne ne pouvait même pas réarranger ses schémas établis, et que tout ce qu’il pouvait faire était d’apprendre à les accepter sans s’en inquiéter. Il disait qu’aucunes nouvelles idées ne pouvaient surgir, parce que le système de "faire" était si bien établi qu’il n’admettait aucune compétition, encore moins de changement. Il croyait fermement que ce genre de stagnation était la marque de nos vies ; et que si nous n’utilisions pas d’autres ressources pour nous opposer à cette force, elle gagnerait facilement, et nous noierait dans la répétition et l’ennui.
Afin de contrebalancer les schémas établis de cognition, les sorciers de l’ancien Mexique inventèrent le non-faire. Pour eux, le non-faire était intimement relié à leurs passes magiques. Les cinq séries de non-faire sont L’Homme qui Court (Running Man), En Cavale (On the Run), La Résolution Inflexible (Unbending Purpose), Les Jambes Régissent la Vitalité (The Legs Rule Vitality), et La Roue du Temps (The Wheel of Time). Don Juan Matus les enseigna à ses quatre disciples de la façon classique. Don Juan lui-même avait appris ces passes magiques dans le même ordre et la même disposition. Dans tous les cas, les quatre étudiants de don Juan ont présenté une vision différente des passes magiques pour le non-faire : une vision dérivée de ce que firent les sorciers de l’ancien Mexique pendant peut-être des milliers d’années. La raison de ce nouvel ordre était la croyance selon laquelle pratiquer les passes magiques pour le non-faire de cette façon assurait les meilleurs résultats, fournissant aux praticiens un état de profond accord entre eux, et d’harmonie avec le monde qui les entourait, et avec leur résolution magique dans la vie.
Il n’est jamais venu à l’esprit des êtres humains que la direction du flux de notre énergie inhérente n’a pas été "donnée" à chacun d’entre nous, comme on pourrait s’y attendre, mais que c’est une question d’habitude et d’usage. Être capable de changer cet apparent flux naturel avec l’aide des passes magiques est une proposition choquante pour la mentalité de l’homme. Les passes magiques pour le non-faire font précisément cela. Elle peuvent interrompre le mouvement inhérent de notre flux d’énergétique, ou changer sa direction. De cette façon, les passes magiques créent une nouvelle direction pour ce flux.
La Faille
L’histoire dit qu’il y eut un temps primitif, où des femmes et des hommes chamans vivaient dans un profond état d'harmonie, de manière très naturelle. Par la suite, les femmes chamans prirent les rênes du pouvoir, et dirigèrent le monde des chamans pendant des centaines d’années, de façon tellement maladroite, qu’à la fin elles furent chassées physiquement, créant ainsi la plus profonde faille imaginable entre les hommes et les femmes ; une faille qui persiste encore aujourd’hui.
En Cavale
La seconde série de passes magiques pour le non-faire, appelée En Cavale (On the Run), est la plus mystérieuse pour des raisons qui sont impossibles à expliquer, pas seulement de notre point de vue, mais aussi depuis le cadre du monde des chamans de l’ancien Mexique. Elle a gardé sa forme originelle pour des raisons mystérieuses pour tous les chamans de la lignée de don Juan, parce qu’il n’y a pas d’explication logique, mystique, ou mythique. Cela semble obéir à des raisons qui sont au-delà de la portée de la compréhension des chamans.
Cette série est demeurée intacte à travers les millénaires. Toutes les autres séries ont été modifiées. Le changement était la première conduite derrière tout ce que faisaient les chamans de l’ancien Mexique. Entre eux, il y avait un flux continu d’idées, de conclusions et de pratiques. Ce flux existe encore aujourd’hui, et peut être mieux déterminé par la Tenségrité : les passes magiques qui sont enseignées et pratiquées de nos jours.
Le Code
Une autre particularité étrange de la seconde série de passes magiques pour le non-faire est une caractéristique inhabituelle et accidentelle. L’histoire des chamans dit que précédemment à l'incident de la faille existant entre les praticiens mâles et femelles, existait un code pour les cinq séries, qui comprenait le groupe total des passes magiques pour le non-faire.
Ce mystérieux code est un ordre séquentiel dans lequel les chamans de l’ancien Mexique réarrangèrent les passes magiques pour le non-faire. Toutes les séries sont enseignées suivant ce qui semble être un schéma traditionnel. Toutes les passes magiques pour le non-faire, lorsqu’elles sont enseignées, suivent un ordre naturel. Par exemple, de 1 à 12, de 1 à 26, et ainsi de suite. Cet ordre originel semble avoir été leur ultime secret. Ils ajoutèrent une nouvelle séquence réarrangée à l’originale ; ils brouillèrent les nombres pour satisfaire un autre ordre, parce que ce nouvel ordre leur donnait des résultats stupéfiants et instantanés. Lorsque la faille tragique se produisit entre les praticiens mâles et femelles, le code fut apparemment détruit intentionnellement. Don Juan croyait que détruire le code était l’équivalent de couper son bras pour montrer à son beau-père que l’on était en désaccord avec lui. Cependant, le seul fragment du code qui demeure est le code du second groupe.
La Tenségrité, à cause de l’humeur dans laquelle elle a été créée – une humeur de liberté et d’investigation – a été considérée comme la terre la plus fertile pour l’application pratique de tout ce que firent les chamans de l’ancien Mexique. Pendant longtemps, il fut assumé que c’était la nouveauté de la Tenségrité qui contribuait à cette qualité de changement, mais ce n’est pas le cas. Le changement était une part inhérente de la vision du monde des chamans de l’antiquité. Tout était en flux constant pour eux, tout, excepté le second groupe des passes magiques pour le non-faire. Les chamans ont spéculé, à travers les siècles, sur ce qui rendait ce second groupe inchangé.
Le nagual Juan Matus disait que cela était absolument accidentel, qu’il n’y avait pas de préméditation de la part des chamans. Il expliquait qu’un code existait, qui était appliqué à toutes les passes magiques de toutes les séries pour le non-faire. Ce code était une nouvelle séquence annexe à la séquence naturelle dans laquelle ces passes magiques avaient été enseignées, altérant l’ordre de façon à produire un résultat spectaculaire, ressenti instantanément par tous les praticiens : une augmentation des possibilités perceptuelles. L’effet était si remarquable que le code devint un secret total, quelque chose dont s’occupaient uniquement les initiés les plus avancés.
Un terrible soulèvement semble avoir ébranlé les fondations du monde des chamans à cette époque. La conséquence de ce soulèvement fut un bouleversement dans la manière de vivre des chamans. Avant le soulèvement, les chamans praticiens mâles et femelles travaillaient ensemble, à l’unisson, pour l’augmentation générale de la perception. Après le soulèvement, des motivations d’origine personnelle firent leur apparition et brisèrent l’ordre et la résolution de ces chamans.
Ils réagirent violemment et brûlèrent le code. Le nagual Juan Matus assurait à ses disciples que le seul morceau restant était celui qui s’appliquait au second groupe de passes magiques pour le non-faire. La seconde cause possible donnée par le nagual Juan Matus concernant le fait que la seconde série soit demeurée inchangée était plus spéculative. Cela avait à voir avec une conduite préméditée de ces chamans pour maintenir un élément d’un certain ordre, habitude répandue chez eux, mais qui n’était plus en fonction. Le nagual Juan Matus le comprenait comme une tentative de maintenir une unité de survie qui pourrait attester de l’existence de quelque chose qui n’était plus.
La Conscience à travers l’Harmonie
Quoi qu’il en soit, le code fut perdu, et la seule chose qui demeure en est une fraction. Le nagual mettait en garde qu’un tel code ne pouvait pas être pratiqué. Afin de le rendre fonctionnel, les praticiens avaient besoin d’atteindre un niveau de profonde aménité, d’affinité entre eux. Les praticiens devaient être un homme et une femme qui n’avaient aucun désir d’apposer des standards ou de quelconques scenarios préconçus de priorité ou de supériorité. Ils devaient être une paire de praticiens qui étaient dans l’abandon et libres de l’encombrante imposition de l’égomanie ou de l’importance personnelle à propos de leur place dans l’histoire et le temps.
Les deux praticiens qui remplissent ces conditions sont Zaia Alexander et Miles Reid. C’est tombé sur eux, complètement indépendamment de leur volonté ; ils sont les porte-paroles d’une nouvelle ère. La meilleure manière d’exprimer cette ère de nouveauté est à travers l’exécution des passes magiques de la seconde série pour le non-faire. Cela produit un moment profondément dépourvu d'ego, même si c’est pour une fraction de seconde, cette fraction est suffisante.
Cette équipe est une équipe d’une valeur unique. Lorsqu’ils travaillent ensemble, ils sont appelés « Conscience à travers l’Harmonie », car ils sont parvenus à éradiquer les barrières et les frontières naturelles entre les sexes. Leur homogénéité est si extraordinaire qu’aucun des disciples de don Juan n’a de mots pour l’expliquer ou le décrire. Dépasser une telle barrière est un triomphe de la discipline et de l’imagination qui est propre à l’esprit de l’homme. Cette équipe de praticiens y est parvenue. De cette façon, ensemble, ils sont capables d’explorer, en termes de conscience et de perception, des zones complètement voilées à un praticien normal. Afin d’entrer dans ces zones, un praticien normal aurait besoin d’une poussée énergétique qui ne peut être obtenu dans les conditions de vie normale d’un chaman, qui sont, dans une large mesure, plus exigeantes et plus difficiles que les conditions de vie d’une personne ordinaire.
La Roue du Temps
La dernière série de passes magiques pour le non-faire est appelée La Roue du Temps (The Wheel of Time). Les chamans de l’ancien Mexique croyaient que la série L’Homme qui Court (Running Man) introduit les praticiens dans le royaume de la conscience accrue. Les trois séries restantes, En Cavale (On the Run), La Résolution Inflexible (Unbending Purpose), et Les Jambes Régissent la Vitalité (The Legs Rule Vitality), guident les praticiens à travers un état de conscience accrue, mais c’est la cinquième série, la plus complexe et la plus sophistiquée d’entre toutes, qui va leur permettre de cimenter toutes leurs acquisitions.
Comme son nom l’indique, La Roue du Temps est en rapport avec ce que l’homme moderne appelle « la manipulation du temps et de l’espace », et que les chamans de l’ancien Mexique appelaient « intentionner en avant et en arrière ». Pour réaliser cela de la manière la plus appropriée, un praticien doit apprendre à maintenir la roue du temps, qui est dans notre cas une petite roue, faite de mousse de caoutchouc. La roue du temps était faite de bois à l’origine, avec un bord régulier en métal, mais le bois est trop lourd à porter avant qu’une compétence totale soit acquise. L’idée est de compresser le temps – de façon psychologique, pour ainsi dire – et de transformer le temps en une unité adaptée pour un usage maximum des praticiens.
Plus que jamais dans notre histoire, nous avons besoin d’un facteur unifiant, une idée qui infusera un désir d’agir. Cette action doit être inspirée par le côté impersonnel de cette idée, et par son indéniable valeur pragmatique. Les chamans de l’ancien Mexique découvrirent cette forme dans leur pratique des passes magiques. La pratique des passes magiques est impersonnelle, ainsi que l’effet qu’elle produit. Cela est en rapport uniquement avec le praticien individuel.
Séminaire de Koottu, 1998
Les disciples du nagual Juan Matus – Carlos Castaneda, Florinda Donner-Grau, Taisha Abelar et Carol Tiggs – sont profondément intéressés par l’acte de disséminer le concept et la pratique de quelques mouvements anciens, découverts et développés par les chamans qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, des mouvements qu’ils appelaient eux-mêmes des passes magiques, à cause de leurs effets stupéfiants sur notre état de bien-être, notre plénitude et notre équilibre mental et physique.
Ces mêmes mouvements furent l’ultime héritage, pour ainsi dire, que don Juan Matus laissa à ses disciples. L’effet le plus surprenant produit par ces passes magiques est l’effet des passes magiques pour le non-faire. Le non-faire a été défini par les anciens chamans du Mexique comme : la condition dans laquelle un flux originel d’énergie, qui est la force qui nous maintient en tant que champs d’énergie, est momentanément interrompu, donnant de cette façon une milliseconde de temps au corps entier pour changer de direction, en termes d’idées et de comportements que les êtres humains pratiquent depuis le moment où ils sont nés.
Le non-faire était un terme utilisé par don Juan Matus pour désigner une dissonance cognitive spécifique, c’est-à-dire, un processus cognitif au moyen duquel ce qui semble être un flux naturel d’activité est délibérément interrompu pour créer un état de chaos cognitif momentané. Par exemple, don Juan soutenait que bien qu’il y ait suffisamment de place dans la chaussure droite pour qu’elle soit portée par le pied gauche, nous n’osons pas le faire. Nous pourrions le faire s'il s’agissait d’une blague, mais pas comme quelque chose de sérieux. Le "faire," pour don Juan, était de porter les chaussures de la façon dont nous le faisons, de façon ‘normale’. Le "non-faire" était de délibérément inverser cet ordre et de porter la chaussure gauche avec le pied droit et la chaussure droite avec le pied gauche.
D’après don Juan, les chamans qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, les fondateurs des lignées de sorciers, utilisaient ces états de chaos momentané créés en s'engageant délibérément dans des actes de non-faire, afin d’établir la fluidité nécessaire à la pensée et à l’action. Don Juan, aussi bien que les sorciers de sa lignée, croyait que les processus cognitifs de la vie quotidienne sont tellement envisagés comme allant de soit, que la totalité des êtres humains socialisés n’ont pas la possibilité de changer et d’innover de manière authentique. Don Juan lui-même était convaincu que l’homme moderne ne pouvait même pas réarranger ses schémas établis, et que tout ce qu’il pouvait faire était d’apprendre à les accepter sans s’en inquiéter. Il disait qu’aucunes nouvelles idées ne pouvaient surgir, parce que le système de "faire" était si bien établi qu’il n’admettait aucune compétition, encore moins de changement. Il croyait fermement que ce genre de stagnation était la marque de nos vies ; et que si nous n’utilisions pas d’autres ressources pour nous opposer à cette force, elle gagnerait facilement, et nous noierait dans la répétition et l’ennui.
Afin de contrebalancer les schémas établis de cognition, les sorciers de l’ancien Mexique inventèrent le non-faire. Pour eux, le non-faire était intimement relié à leurs passes magiques. Les cinq séries de non-faire sont L’Homme qui Court (Running Man), En Cavale (On the Run), La Résolution Inflexible (Unbending Purpose), Les Jambes Régissent la Vitalité (The Legs Rule Vitality), et La Roue du Temps (The Wheel of Time). Don Juan Matus les enseigna à ses quatre disciples de la façon classique. Don Juan lui-même avait appris ces passes magiques dans le même ordre et la même disposition. Dans tous les cas, les quatre étudiants de don Juan ont présenté une vision différente des passes magiques pour le non-faire : une vision dérivée de ce que firent les sorciers de l’ancien Mexique pendant peut-être des milliers d’années. La raison de ce nouvel ordre était la croyance selon laquelle pratiquer les passes magiques pour le non-faire de cette façon assurait les meilleurs résultats, fournissant aux praticiens un état de profond accord entre eux, et d’harmonie avec le monde qui les entourait, et avec leur résolution magique dans la vie.
Il n’est jamais venu à l’esprit des êtres humains que la direction du flux de notre énergie inhérente n’a pas été "donnée" à chacun d’entre nous, comme on pourrait s’y attendre, mais que c’est une question d’habitude et d’usage. Être capable de changer cet apparent flux naturel avec l’aide des passes magiques est une proposition choquante pour la mentalité de l’homme. Les passes magiques pour le non-faire font précisément cela. Elle peuvent interrompre le mouvement inhérent de notre flux d’énergétique, ou changer sa direction. De cette façon, les passes magiques créent une nouvelle direction pour ce flux.
La Faille
L’histoire dit qu’il y eut un temps primitif, où des femmes et des hommes chamans vivaient dans un profond état d'harmonie, de manière très naturelle. Par la suite, les femmes chamans prirent les rênes du pouvoir, et dirigèrent le monde des chamans pendant des centaines d’années, de façon tellement maladroite, qu’à la fin elles furent chassées physiquement, créant ainsi la plus profonde faille imaginable entre les hommes et les femmes ; une faille qui persiste encore aujourd’hui.
En Cavale
La seconde série de passes magiques pour le non-faire, appelée En Cavale (On the Run), est la plus mystérieuse pour des raisons qui sont impossibles à expliquer, pas seulement de notre point de vue, mais aussi depuis le cadre du monde des chamans de l’ancien Mexique. Elle a gardé sa forme originelle pour des raisons mystérieuses pour tous les chamans de la lignée de don Juan, parce qu’il n’y a pas d’explication logique, mystique, ou mythique. Cela semble obéir à des raisons qui sont au-delà de la portée de la compréhension des chamans.
Cette série est demeurée intacte à travers les millénaires. Toutes les autres séries ont été modifiées. Le changement était la première conduite derrière tout ce que faisaient les chamans de l’ancien Mexique. Entre eux, il y avait un flux continu d’idées, de conclusions et de pratiques. Ce flux existe encore aujourd’hui, et peut être mieux déterminé par la Tenségrité : les passes magiques qui sont enseignées et pratiquées de nos jours.
Le Code
Une autre particularité étrange de la seconde série de passes magiques pour le non-faire est une caractéristique inhabituelle et accidentelle. L’histoire des chamans dit que précédemment à l'incident de la faille existant entre les praticiens mâles et femelles, existait un code pour les cinq séries, qui comprenait le groupe total des passes magiques pour le non-faire.
Ce mystérieux code est un ordre séquentiel dans lequel les chamans de l’ancien Mexique réarrangèrent les passes magiques pour le non-faire. Toutes les séries sont enseignées suivant ce qui semble être un schéma traditionnel. Toutes les passes magiques pour le non-faire, lorsqu’elles sont enseignées, suivent un ordre naturel. Par exemple, de 1 à 12, de 1 à 26, et ainsi de suite. Cet ordre originel semble avoir été leur ultime secret. Ils ajoutèrent une nouvelle séquence réarrangée à l’originale ; ils brouillèrent les nombres pour satisfaire un autre ordre, parce que ce nouvel ordre leur donnait des résultats stupéfiants et instantanés. Lorsque la faille tragique se produisit entre les praticiens mâles et femelles, le code fut apparemment détruit intentionnellement. Don Juan croyait que détruire le code était l’équivalent de couper son bras pour montrer à son beau-père que l’on était en désaccord avec lui. Cependant, le seul fragment du code qui demeure est le code du second groupe.
La Tenségrité, à cause de l’humeur dans laquelle elle a été créée – une humeur de liberté et d’investigation – a été considérée comme la terre la plus fertile pour l’application pratique de tout ce que firent les chamans de l’ancien Mexique. Pendant longtemps, il fut assumé que c’était la nouveauté de la Tenségrité qui contribuait à cette qualité de changement, mais ce n’est pas le cas. Le changement était une part inhérente de la vision du monde des chamans de l’antiquité. Tout était en flux constant pour eux, tout, excepté le second groupe des passes magiques pour le non-faire. Les chamans ont spéculé, à travers les siècles, sur ce qui rendait ce second groupe inchangé.
Le nagual Juan Matus disait que cela était absolument accidentel, qu’il n’y avait pas de préméditation de la part des chamans. Il expliquait qu’un code existait, qui était appliqué à toutes les passes magiques de toutes les séries pour le non-faire. Ce code était une nouvelle séquence annexe à la séquence naturelle dans laquelle ces passes magiques avaient été enseignées, altérant l’ordre de façon à produire un résultat spectaculaire, ressenti instantanément par tous les praticiens : une augmentation des possibilités perceptuelles. L’effet était si remarquable que le code devint un secret total, quelque chose dont s’occupaient uniquement les initiés les plus avancés.
Un terrible soulèvement semble avoir ébranlé les fondations du monde des chamans à cette époque. La conséquence de ce soulèvement fut un bouleversement dans la manière de vivre des chamans. Avant le soulèvement, les chamans praticiens mâles et femelles travaillaient ensemble, à l’unisson, pour l’augmentation générale de la perception. Après le soulèvement, des motivations d’origine personnelle firent leur apparition et brisèrent l’ordre et la résolution de ces chamans.
Ils réagirent violemment et brûlèrent le code. Le nagual Juan Matus assurait à ses disciples que le seul morceau restant était celui qui s’appliquait au second groupe de passes magiques pour le non-faire. La seconde cause possible donnée par le nagual Juan Matus concernant le fait que la seconde série soit demeurée inchangée était plus spéculative. Cela avait à voir avec une conduite préméditée de ces chamans pour maintenir un élément d’un certain ordre, habitude répandue chez eux, mais qui n’était plus en fonction. Le nagual Juan Matus le comprenait comme une tentative de maintenir une unité de survie qui pourrait attester de l’existence de quelque chose qui n’était plus.
La Conscience à travers l’Harmonie
Quoi qu’il en soit, le code fut perdu, et la seule chose qui demeure en est une fraction. Le nagual mettait en garde qu’un tel code ne pouvait pas être pratiqué. Afin de le rendre fonctionnel, les praticiens avaient besoin d’atteindre un niveau de profonde aménité, d’affinité entre eux. Les praticiens devaient être un homme et une femme qui n’avaient aucun désir d’apposer des standards ou de quelconques scenarios préconçus de priorité ou de supériorité. Ils devaient être une paire de praticiens qui étaient dans l’abandon et libres de l’encombrante imposition de l’égomanie ou de l’importance personnelle à propos de leur place dans l’histoire et le temps.
Les deux praticiens qui remplissent ces conditions sont Zaia Alexander et Miles Reid. C’est tombé sur eux, complètement indépendamment de leur volonté ; ils sont les porte-paroles d’une nouvelle ère. La meilleure manière d’exprimer cette ère de nouveauté est à travers l’exécution des passes magiques de la seconde série pour le non-faire. Cela produit un moment profondément dépourvu d'ego, même si c’est pour une fraction de seconde, cette fraction est suffisante.
Cette équipe est une équipe d’une valeur unique. Lorsqu’ils travaillent ensemble, ils sont appelés « Conscience à travers l’Harmonie », car ils sont parvenus à éradiquer les barrières et les frontières naturelles entre les sexes. Leur homogénéité est si extraordinaire qu’aucun des disciples de don Juan n’a de mots pour l’expliquer ou le décrire. Dépasser une telle barrière est un triomphe de la discipline et de l’imagination qui est propre à l’esprit de l’homme. Cette équipe de praticiens y est parvenue. De cette façon, ensemble, ils sont capables d’explorer, en termes de conscience et de perception, des zones complètement voilées à un praticien normal. Afin d’entrer dans ces zones, un praticien normal aurait besoin d’une poussée énergétique qui ne peut être obtenu dans les conditions de vie normale d’un chaman, qui sont, dans une large mesure, plus exigeantes et plus difficiles que les conditions de vie d’une personne ordinaire.
La Roue du Temps
La dernière série de passes magiques pour le non-faire est appelée La Roue du Temps (The Wheel of Time). Les chamans de l’ancien Mexique croyaient que la série L’Homme qui Court (Running Man) introduit les praticiens dans le royaume de la conscience accrue. Les trois séries restantes, En Cavale (On the Run), La Résolution Inflexible (Unbending Purpose), et Les Jambes Régissent la Vitalité (The Legs Rule Vitality), guident les praticiens à travers un état de conscience accrue, mais c’est la cinquième série, la plus complexe et la plus sophistiquée d’entre toutes, qui va leur permettre de cimenter toutes leurs acquisitions.
Comme son nom l’indique, La Roue du Temps est en rapport avec ce que l’homme moderne appelle « la manipulation du temps et de l’espace », et que les chamans de l’ancien Mexique appelaient « intentionner en avant et en arrière ». Pour réaliser cela de la manière la plus appropriée, un praticien doit apprendre à maintenir la roue du temps, qui est dans notre cas une petite roue, faite de mousse de caoutchouc. La roue du temps était faite de bois à l’origine, avec un bord régulier en métal, mais le bois est trop lourd à porter avant qu’une compétence totale soit acquise. L’idée est de compresser le temps – de façon psychologique, pour ainsi dire – et de transformer le temps en une unité adaptée pour un usage maximum des praticiens.
Plus que jamais dans notre histoire, nous avons besoin d’un facteur unifiant, une idée qui infusera un désir d’agir. Cette action doit être inspirée par le côté impersonnel de cette idée, et par son indéniable valeur pragmatique. Les chamans de l’ancien Mexique découvrirent cette forme dans leur pratique des passes magiques. La pratique des passes magiques est impersonnelle, ainsi que l’effet qu’elle produit. Cela est en rapport uniquement avec le praticien individuel.