Les Nouveaux Chemins de la Tenségrité
Arturo Garcia Hernandez. Journal La Jornada, 29 janvier 1996
« Marcos ? Je ne connais pas...Excusez-moi. Je n’en sais rien… »
« Nous, les êtres humains, sommes constamment assoiffés et vivons avec la peur de nous libérer. »
« Il est nécessaire d’anéantir l’égomania et de découvrir notre corps d’énergie », enseigne le chaman.
Carlos Castaneda ne connaît ni « Marcos », ni le EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) ; il ne lit pas les journaux, il nie être un gourou ou un homme messianique, il considère la compassion et les intérêts de l’ordre social comme des mensonges qui se régénèrent eux-mêmes ; il critique les gourous et les marchands de Dieu ; il assure que sa mère était « communiste et pamphlétiste ».
Il aborda ces questions et d’autres dans une discussion avec les journalistes durant une pose au cours du séminaire Les Nouveaux Chemins de la Tenségrité, qui se tenait de vendredi jusqu’à dimanche dans la ville de Mexico, et avec quoi commence une étape de la dissémination massive de sa connaissance de sorcier ou chaman. Pendant plus d’une heure, samedi soir, l’auteur de « L’Herbe du Diable » et de « Histoires de Pouvoir » répondit à différentes questions. Avec une calme éloquence, souvent en plaisantant, toujours respectueux de ses interlocuteurs, Castaneda passa d’un sujet à l’autre à mesure que les questions étaient décochées par les huit journalistes qui l’entouraient. Une chose cependant : pas d’appareils photos ou de magnétophones.
Et puis il y a une version de la conférence, éditée et assemblée d’après des notes. Il est important de garder à l’esprit que pour Castaneda les mots sont insuffisants et limités pour décrire ou expliquer ses expériences de sorcier ; ainsi, il leur attribue des valeurs et des significations qui échappent à la logique linéaire avec laquelle nous évoluons.
- Comment les sorciers considèrent-ils la spiritualité et le sens de la divinité ?
- Je ne sais pas ce que vous entendez par spiritualité. L’opposé de la chair ?
- Pas nécessairement, mais comme une partie d’un tout, différent.
- Bien, dans ce sens, Juan Matus est pur esprit. Le sorcier croit en l’esprit de l’homme, pas dans la spiritualité. Don Juan avait l’habitude de dire : « J’aime mon esprit. L’esprit de l’homme est un esprit splendide. Si tu penses que tu me dois quelque chose et que tu ne peux pas me payer, paye-le à l’esprit de l’homme. »
Comme pour la divinité : « Les chamans n’ont pas le sens de la prière et ne s’agenouillent pas devant la divinité. Il n’y a pas besoin de supplier. Ils demandent à l’intention, la force capable de tout construire et de tout modifier, la force éternelle. Mais ils ne supplient pas. »
- Lorsque vous parlez des sorciers de l’ancien Mexique, de qui parlez-vous ? Parce qu’il y a eut différentes cultures : les Mayas, les Aztèques…
-Non. Pour don Juan les temps anciens du Mexique c’était il y a entre sept et dix mille ans.
-Comment se déroula le processus de rupture avec don Juan ?
-Il n’y a pas eu de rupture. C’est lui qui me l’a dit. Un moment est venu où il a réalisé que j’étais tellement différent de lui qu’il ne pouvait pas continuer avec moi. Et il commença à me prendre au piège, il ferma toutes mes issues et ne m’en laissa qu’une seule.
-Vous connaissez les Indiens du Mexique. Ils vivent dans de très mauvaises conditions et six mille d’entre eux sont en prison ; à quel point êtes-vous intéressé par les Indiens du Mexique ?
-Je me sens absolument concerné. J’ai un jour posé une question à don Juan. Il y a quelque temps, j’ai écrit un livre qui n’a pas pu être publié, « La Gloire de Nacho Coronado ». Nacho était un Indien yaqui tuberculeux qui pensait qu’avec un prêt bancaire il pourrait acheter du « Vitaminol » et pourrait ainsi guérir. J’ai demandé à don Juan : « Cela ne vous inquiète t-il pas ? Les prémisses de Nacho sont les miennes. » Il répondit : « Oui, ça m’inquiète beaucoup, mais en même temps je m’inquiète pour toi. Penses-tu que tu sois meilleur ?...Bien sûr, je m’intéresse aussi à eux ; mais je m’intéresse à toi. Nous sommes prisonniers d’un état où nous sommes continuellement assoiffés qui nous consume et ne nous laisse rien d’autre. »
-Que pensez-vous de Marcos, de l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) et du réveil indien dans le Chiapas ?
-Qui ? Marcos ? Je ne connais pas. Je n’en ai pas la moindre idée. Puuucha, je suis perdu ! Excusez-moi, je n’en sais rien.
-Que ressentez-vous en voyant l’humanité ?
-C’est un sentiment de tristesse. Je travaille pour l’humanité (…) L’homme est un être extraordinaire, ce qui implique une énorme responsabilité. Mais il est dans le moi, moi, moi. Pourquoi une telle homogénéité ? Pourquoi tout se transforme en un culte du moi ? Pourquoi avoir peur de se libérer ?
La liberté telle que la comprend Castaneda implique de casser les « préjudices perceptifs », l’élimination de l’égomanie, l’accomplissement de Rêver, qui nous permettrait de découvrir notre « corps d’énergie ». Et après ça, éventuellement, d’être en condition de commencer un chemin « difficile mais exquis » vers d’autres mondes.
-Dans la logique de notre monde quotidien, cette intention de libération pourrait être interprétée comme étant messianique ; et nous savons déjà ce qui est arrivé avec ces expériences messianiques…
-Non, non, non. C’est trop embarassant. Nous ne sommes pas si importants. Le messianisme c’est le New-Age et tous les gourous de la nouvelle vague. Nous ne prétendons rien du tout. Nous n’offrons pas d’espoir pour quelque chose que nous ne pourrons pas donner.
-Comment conciliez-vous cet intérêt pour l’humanité avec ce manque d’intérêt pour les problèmes qui ont lieu en Bosnie, ou au Chiapas, où il y a beaucoup d’êtres humains qui souffrent ?
-Mais les amis, s’il vous plaît, la souffrance est partout, pas seulement là-bas ! Ma mère était communiste, pamphlétiste, et prolétaire. J’en ai hérité. Mais don Juan m’a dit : “Tu mens. Tu dis que ça te préoccupe et regarde comment tu te traites. Cesse d’anéantir ton corps. Est-ce que tu ressens vraiment de la compassion pour tes semblables ? » – Oui, j’ai répondu – « Assez pour arrêter de fumer ? » – Nooon ! Ma compassion était une dissimulation. Le vieux bandit m’a dit : « Sois prudent avec la distraction sociale. Ce sont des placebos, une grosse sucette. C’est un mensonge qui se régénère lui-même. »
-Pourquoi, comme un homme de votre époque, ne lisez-vous pas les journaux ?
-Pour la simple raison que je suis très, très, très, très, très endurci envers les sujets d’actualité.
-Vous avez écrit que le chemin du guerrier est un chemin solitaire. N’est-ce pas une contradiction de faire des évènements massifs de Tenségrité comme celui-ci ?
-Non. Je ne suis pas ici pour parler de choses pénibles. Peut-être que la Tenségrité vous donnera l’énergie pour parler de choses vraiment fortes. Mais vous devez commencez quelque part.
-« L’Herbe du Diable » a généré un culte pour certaines plantes hallucinogènes, mais à présent vous disqualifiez ce livre ; vous dites qu’il est préférable de l’oublier. Pourquoi ?
-L’idée d’ingérer une de ces plantes sans préparation ne conduit nulle part. Tout au plus à un déplacement du point d’assemblage, mais de façon fugitive. Maintenant, quand don Juan me les donna, c’était en harmonie avec le moment. J’ai grandi en étant convaincu de la valeur de la sévérité de mon grand-père. Mon point d’assemblage était presque soudé. Don Juan Matus m’a dit : « Ton grand-père est un vieux pet ». Mon point d’assemblage était soudé et il savait qu’il ne pouvait le bouger qu’avec des hallucinogènes. Mais il n’a jamais fait la même chose avec les autres ; il ne leur donnait même pas de café. Les hallucinogènes furent efficaces avec moi, mais je l’ai complètement indexé.
-Qu’attendez-vous de l’ouverture qui commence en ce moment ?
-Je ne sais pas ce qui va se passer. Don Juan ne m’a jamais dit ce qui m’arriverait en face d’une masse (…). Nous avons précédemment été attentifs pour continuer en conformité avec les commandes de don Juan. Il nous a interdit d’être sous les projecteurs. A présent je veux enseigner de cette façon, parce que c’est une dette immense, que je ne peux plus lui payer.
-N’avez-vous pas peur de devenir un gourou ?
-Non, parce que je n’ai pas d’ego, il n’y a pas moyen.
______________________________________________________________
« Je suis un idiot, tout comme vous tous », dit Carlos Castaneda.
« Si l’énergie est là, je reviendrai au Mexique ».
Il n’y a rien en Castaneda qui permettra de voir en lui un guide spirituel. Il est très mince, petit et simple. Il est basané ; il a des cheveux blancs qu’il peigne en avant. Il porte une chemise à manches longues et des jeans sans poches à l’arrière. Sur scène, avec un petit microphone attaché à ses vêtements, il agit de façon ordinaire devant son audience de 700 personnes réunies à la dernière de ses trois conférences sur les nouveaux chemins de la Tenségrité dans le Centre Asturian. Assis ou allongés sur leur tapis, ils l’écoutent, anticipant ses plaisanteries qu’ils accueillent avec des rires et parfois des applaudissements.
« Vous vous souvenez de cette blague que je vous ai raconté l’autre soir ? Je vais vous la raconter encore une fois…qu’est-ce que je disais ? Je suis sénile ! »
Castaneda fait sans cesse de l’humour lorsqu’il parle, abolissant les doutes ou les laissant là où ils sont, faisant un effort pour ne pas intellectualiser la conférence.
« Posez des questions courtes, fonctionnelles. Demander sans désir de savoir, ne demandez pas parce que vous voulez que je vous écoute parler. »
Il dit qu’il ne lit pas les lettres afin d’éviter les questions « tirées par les cheveux », et il mentionna quelques-uns de ses partisans :
- J’ai rêvé que j’étais un oiseau ».
- Quel oiseau ? Un oiseau homo ou bien ? C’est une réponse chinoise, mais elle est efficace. »
- Comment puis-je savoir que je suis double ? »
- Tu es double, pendeja. Un double pendeja.” (Pendeja est une insulte espagnole qui signifie extrêmement stupide).
- Comment puis-je devenir ce que je n’ai jamais été ? »
- Eh bien, je ne sais pas. Pousse… »
- Donnez-moi une raison d’être raisonnable ».
- Non, non ! On ne doit pas être guidé par l’intellect. Ce sont des questions qui semblent profondes mais qui ne le sont pas. C’est du divertissement. Don Juan était si simple que cela m’effrayait. C’était un être direct. Il ne se perdait pas en convolutions qui ne mènent nulle part. Les sorciers sont des êtres pragmatiques. Nous sommes des dilettantes. Nos croyances sont insoutenables. La seule façon pour nous de les sustenter est en nous mettant en colère : ‘Comment peux-tu dire que ce n’est pas vrai espèce de crétin ?’ Et nous partons furieux.
Il existe une terrible vérité : personne ne veut être libre. Nous avons peur. De quoi ? Je ne sais pas. Nous avons peur. Un poulet courageux s’échappe du poulailler et devient un fugitif. ‘Pour toujours ?’ m’a demandé une fille. Chérie, c’est le poulailler ou la liberté ! J’aime la liberté. Je n’aime pas le poulailler humain. Il y a des choses dans le poulailler humain qui ne sont pas à moi. »
Il confirma : « Je ne suis pas un gourou. Je ne peux pas accepter ou refuser quoi que soit à personne. C’est trop Hindou ! Je ne peux dire à personne s’il est un chaman ou pas ; ni si il est en fait un idiot. Qui suis-je pour dire ça ? Ils me placent dans des situations intenables. Je ne peux embrouiller personne parce que je trouve ça complètement irrespectueux. C’est ce qui se passe dans l’amitié. Mais je ne suis l’ami de personne. Et ma façon de m’en préserver c’est en ne voyant personne. »
Il fit des révélations sur son identité qu’il aurait été impensable de faire en d’autres temps : « Je viens d’Amérique du sud. Pas du Yucatan. On m’a demandé si j’étais du Campeche, parce que je suis petit avec une grosse tête. Non, je ne suis pas du Campeche. Je viens de beaucoup plus loin…
Ce n’est vraiment pas essentiel de me transformer en quelque chose de spécial. Vraiment pas. J’ai fait des enquêtes énergétiques et non, je n’ai rien d’extraordinaire. Je suis un idiot comme chacun d’entre vous. La plus importante clé que m’ait donnée don Juan est d’atteindre le silence intérieur, d’abolir l’hégémonie du mental comme méthode pour trouver la liberté. C’est faire taire le mental. Don Juan m’a dit que lorsque j’arrivais à atteindre 8 à 10 secondes de silence, les choses allaient commencer à devenir intéressantes, et ma question de pet était : ‘Et comment je saurai que c’est 8 secondes ?’ Non chéri, ce n’est pas comme ça. Je ne sais pas ce qui te dit que c’est 8 secondes. Quelque chose à l’intérieur nous le dit. Le but c’est d’accumuler du silence seconde par seconde. A un moment, je suis parvenu à ce seuil sans le savoir, accumulant seconde après seconde. A ce point, il n’y a plus de mental, juste du silence. Ce silence a plus de trente ans maintenant. Je vous parle depuis ce silence. »
« Dans ce genre de séminaires, affirme t-il, j’ai vu des choses que don Juan n’a jamais vu. Les gens attirent involontairement leur corps d’énergie. La connaissance apprise en trente ans arrive en deux secondes. Depuis août jusqu’à aujourd’hui, je ne sais pas quoi penser. J’ai vu beaucoup de talent énergétique et je ne sais pas quoi faire avec ça. Je vois la vitesse à laquelle vous apprenez. Si je vous prenais un par un, cela me prendrait des mois pour vous montrer un seul putain de mouvement. Comment faites-vous pour apprendre si vite ensemble ? Je ne sais pas. La masse...le groupe donne plus d’intensité... »
Il insista sur « se défaire du mental » et utiliser le corps d’énergie.
« Mon mental est quelque chose qui m’ait étranger. Il y a une strate (un niveau) en vous qui est vraiment ce que vous êtes. Défaites-vous du mental et vous serez vous-même. Cela implique de laisser tomber la satisfaction de soi et de vous transformez en quelque chose de fonctionnel : un être fait pour le combat. »
Il combattit à nouveau l’égocentrisme :
« L’idéologie du moi est la plus pernicieuse qui soit. Les gens vivent en ne pensant qu’à eux, ils vont chez le psychiatre pour parler d’eux-mêmes. Quelle tragédie ! Je ne m’intéresse qu’à moi, à moi et seulement à moi (il chante). Nous ne sommes pas comme ça ! Pourquoi défendons-nous des postures qui ne sont pas les notre ? C’est de la masturbation mentale. Nous ne questionnons pas ce qu’on nous impose car nous n’en avons pas l’énergie. Ce qui peut transformer nos actions c’est le corps d’énergie, et nous n’y avons pas accès. Ce n’est pas de la paranoïa de sorcier. Les sorciers sont trop simples et directs, ils ne portent pas de masque, ils vont directement à la réponse. »
Il parla de son expérience avec une célèbre astrologue à qui il alla rendre visite. Il se présenta comme Joe Cortes, un Chicano, et elle lui dit que ses chakras étaient en mauvais état.
« Cela m’a beaucoup intrigué et j’y suis retourné quelques mois plus tard. Elle m’avait déjà oublié. Je lui dit que j’étais Carlos Castaneda et cette fois-ci elle s’exclama : ‘Tellement de lumière, tellement de lumière !’ »
Il raconta aussi que Julio Iglesias l’avait approché : « C’est un mignon », dit-il. Celui-ci lui avait révélé : « Je baise tous les jours. Pas super bien, mais tous les jours ». Castaneda ne connaissait pas la raison de cette révélation personnelle, mais il lui avait répliqué : « Moi aussi. Tu baises, je cogite. » (en argot espagnol, baiser se dit aussi ‘cogitar’).
Il expliqua : « Je suis une baise ennuyeuse. Don Juan m’a transformé en un être avare d’énergie. Je ne fais pas rien. Mais je fais tout. Qu’est-ce que c’est que ce truc d’impulsion sexuelle quand vous ne ressentez rien ? Je connais une femme appelée ‘la casseuse de lit’. Elle n’a jamais rien ressenti mais elle a foutu en l’air onze lits. »
- Comment renforce t-on la volonté ? »
- Avec l’énergie. C’est le seul moyen. »
- Est-ce que l’intention suffit ? »
- Oh, chéri ! L’intention est tout. C’est comme de dire ‘est-ce que la vie suffit ?’. L’intention est la force de l’Univers. »
- Faisons-nous partie d’une seule intention ? »
- Nous sommes la somme totale de l’intention. »
- Est-ce que la Tenségrité est la seule clé ? »
- C’est la seule que je connaisse. Et j’en ai entendu plus que vous. Trente ans passés en tant que Carlos Castaneda…Ouf ! J’ai entendu des merveilles. »
- Peut-on pratiquer la Tenségrité sans chaussures ? »
- Faites-le à poil, mais faites-le ! »
- Quelle est la bonne manière de parler ? »
- Ah ! Nous aurions du parler de la bonne manière de chier. Don Juan parlait de la bonne manière de mâcher. ‘Pour quoi faire ?’, lui ai-je demandé. ‘Pour éviter de commettre un péché’, me répondit-il. »
- J’ai pratiqué la Tenségrité et je sens que c’est suffisant. »
- Suffisant pour quoi ? »
- Pouvons-nous écarter nos enfants de l’ordre social ? »
- Nous faisons partie de l’ordre social. Ce que nous pouvons faire en tant que parents est de nous-même nous écarter de toutes les merdes de l’ordre social. »
- Que se passerait-il si beaucoup de personnes faisaient ce que vous dites ?”
- Ce qui se passerait ? Comment pourrais-je le savoir ? Je ne peux pas spéculer. Comme don Juan disait : ‘Demande aux étoiles…’ »
- Allez-vous revenir au Mexique ? »
- Si il y a l’énergie, oui. Nous allons monter une compagnie…Bon, un petit groupe de gens qui veulent en savoir plus à propos de ces choses. Ce sont les mêmes personnes qui ont organisé ce séminaire…Le Mexique est rempli de choses qui ne peuvent pas être comprises parce que nous n’avons pas la subtilité nécessaire. Nous sommes plein de choses qu’il n’est pas possible de découvrir avec nos schémas comportementaux… »
Le séminaire s’acheva et Castaneda sauta de la scène dans une foule voulant l’approcher. Il ne signa qu’un seul livre. Un jeune homme lui demanda : « Nagual, pouvez-vous me signer un autographe avec votre doigt ? » Il étendit son poignet droit pour que Castaneda le touche mais il dit « Non, pas ça », et disparut derrière une porte.
« Marcos ? Je ne connais pas...Excusez-moi. Je n’en sais rien… »
« Nous, les êtres humains, sommes constamment assoiffés et vivons avec la peur de nous libérer. »
« Il est nécessaire d’anéantir l’égomania et de découvrir notre corps d’énergie », enseigne le chaman.
Carlos Castaneda ne connaît ni « Marcos », ni le EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) ; il ne lit pas les journaux, il nie être un gourou ou un homme messianique, il considère la compassion et les intérêts de l’ordre social comme des mensonges qui se régénèrent eux-mêmes ; il critique les gourous et les marchands de Dieu ; il assure que sa mère était « communiste et pamphlétiste ».
Il aborda ces questions et d’autres dans une discussion avec les journalistes durant une pose au cours du séminaire Les Nouveaux Chemins de la Tenségrité, qui se tenait de vendredi jusqu’à dimanche dans la ville de Mexico, et avec quoi commence une étape de la dissémination massive de sa connaissance de sorcier ou chaman. Pendant plus d’une heure, samedi soir, l’auteur de « L’Herbe du Diable » et de « Histoires de Pouvoir » répondit à différentes questions. Avec une calme éloquence, souvent en plaisantant, toujours respectueux de ses interlocuteurs, Castaneda passa d’un sujet à l’autre à mesure que les questions étaient décochées par les huit journalistes qui l’entouraient. Une chose cependant : pas d’appareils photos ou de magnétophones.
Et puis il y a une version de la conférence, éditée et assemblée d’après des notes. Il est important de garder à l’esprit que pour Castaneda les mots sont insuffisants et limités pour décrire ou expliquer ses expériences de sorcier ; ainsi, il leur attribue des valeurs et des significations qui échappent à la logique linéaire avec laquelle nous évoluons.
- Comment les sorciers considèrent-ils la spiritualité et le sens de la divinité ?
- Je ne sais pas ce que vous entendez par spiritualité. L’opposé de la chair ?
- Pas nécessairement, mais comme une partie d’un tout, différent.
- Bien, dans ce sens, Juan Matus est pur esprit. Le sorcier croit en l’esprit de l’homme, pas dans la spiritualité. Don Juan avait l’habitude de dire : « J’aime mon esprit. L’esprit de l’homme est un esprit splendide. Si tu penses que tu me dois quelque chose et que tu ne peux pas me payer, paye-le à l’esprit de l’homme. »
Comme pour la divinité : « Les chamans n’ont pas le sens de la prière et ne s’agenouillent pas devant la divinité. Il n’y a pas besoin de supplier. Ils demandent à l’intention, la force capable de tout construire et de tout modifier, la force éternelle. Mais ils ne supplient pas. »
- Lorsque vous parlez des sorciers de l’ancien Mexique, de qui parlez-vous ? Parce qu’il y a eut différentes cultures : les Mayas, les Aztèques…
-Non. Pour don Juan les temps anciens du Mexique c’était il y a entre sept et dix mille ans.
-Comment se déroula le processus de rupture avec don Juan ?
-Il n’y a pas eu de rupture. C’est lui qui me l’a dit. Un moment est venu où il a réalisé que j’étais tellement différent de lui qu’il ne pouvait pas continuer avec moi. Et il commença à me prendre au piège, il ferma toutes mes issues et ne m’en laissa qu’une seule.
-Vous connaissez les Indiens du Mexique. Ils vivent dans de très mauvaises conditions et six mille d’entre eux sont en prison ; à quel point êtes-vous intéressé par les Indiens du Mexique ?
-Je me sens absolument concerné. J’ai un jour posé une question à don Juan. Il y a quelque temps, j’ai écrit un livre qui n’a pas pu être publié, « La Gloire de Nacho Coronado ». Nacho était un Indien yaqui tuberculeux qui pensait qu’avec un prêt bancaire il pourrait acheter du « Vitaminol » et pourrait ainsi guérir. J’ai demandé à don Juan : « Cela ne vous inquiète t-il pas ? Les prémisses de Nacho sont les miennes. » Il répondit : « Oui, ça m’inquiète beaucoup, mais en même temps je m’inquiète pour toi. Penses-tu que tu sois meilleur ?...Bien sûr, je m’intéresse aussi à eux ; mais je m’intéresse à toi. Nous sommes prisonniers d’un état où nous sommes continuellement assoiffés qui nous consume et ne nous laisse rien d’autre. »
-Que pensez-vous de Marcos, de l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) et du réveil indien dans le Chiapas ?
-Qui ? Marcos ? Je ne connais pas. Je n’en ai pas la moindre idée. Puuucha, je suis perdu ! Excusez-moi, je n’en sais rien.
-Que ressentez-vous en voyant l’humanité ?
-C’est un sentiment de tristesse. Je travaille pour l’humanité (…) L’homme est un être extraordinaire, ce qui implique une énorme responsabilité. Mais il est dans le moi, moi, moi. Pourquoi une telle homogénéité ? Pourquoi tout se transforme en un culte du moi ? Pourquoi avoir peur de se libérer ?
La liberté telle que la comprend Castaneda implique de casser les « préjudices perceptifs », l’élimination de l’égomanie, l’accomplissement de Rêver, qui nous permettrait de découvrir notre « corps d’énergie ». Et après ça, éventuellement, d’être en condition de commencer un chemin « difficile mais exquis » vers d’autres mondes.
-Dans la logique de notre monde quotidien, cette intention de libération pourrait être interprétée comme étant messianique ; et nous savons déjà ce qui est arrivé avec ces expériences messianiques…
-Non, non, non. C’est trop embarassant. Nous ne sommes pas si importants. Le messianisme c’est le New-Age et tous les gourous de la nouvelle vague. Nous ne prétendons rien du tout. Nous n’offrons pas d’espoir pour quelque chose que nous ne pourrons pas donner.
-Comment conciliez-vous cet intérêt pour l’humanité avec ce manque d’intérêt pour les problèmes qui ont lieu en Bosnie, ou au Chiapas, où il y a beaucoup d’êtres humains qui souffrent ?
-Mais les amis, s’il vous plaît, la souffrance est partout, pas seulement là-bas ! Ma mère était communiste, pamphlétiste, et prolétaire. J’en ai hérité. Mais don Juan m’a dit : “Tu mens. Tu dis que ça te préoccupe et regarde comment tu te traites. Cesse d’anéantir ton corps. Est-ce que tu ressens vraiment de la compassion pour tes semblables ? » – Oui, j’ai répondu – « Assez pour arrêter de fumer ? » – Nooon ! Ma compassion était une dissimulation. Le vieux bandit m’a dit : « Sois prudent avec la distraction sociale. Ce sont des placebos, une grosse sucette. C’est un mensonge qui se régénère lui-même. »
-Pourquoi, comme un homme de votre époque, ne lisez-vous pas les journaux ?
-Pour la simple raison que je suis très, très, très, très, très endurci envers les sujets d’actualité.
-Vous avez écrit que le chemin du guerrier est un chemin solitaire. N’est-ce pas une contradiction de faire des évènements massifs de Tenségrité comme celui-ci ?
-Non. Je ne suis pas ici pour parler de choses pénibles. Peut-être que la Tenségrité vous donnera l’énergie pour parler de choses vraiment fortes. Mais vous devez commencez quelque part.
-« L’Herbe du Diable » a généré un culte pour certaines plantes hallucinogènes, mais à présent vous disqualifiez ce livre ; vous dites qu’il est préférable de l’oublier. Pourquoi ?
-L’idée d’ingérer une de ces plantes sans préparation ne conduit nulle part. Tout au plus à un déplacement du point d’assemblage, mais de façon fugitive. Maintenant, quand don Juan me les donna, c’était en harmonie avec le moment. J’ai grandi en étant convaincu de la valeur de la sévérité de mon grand-père. Mon point d’assemblage était presque soudé. Don Juan Matus m’a dit : « Ton grand-père est un vieux pet ». Mon point d’assemblage était soudé et il savait qu’il ne pouvait le bouger qu’avec des hallucinogènes. Mais il n’a jamais fait la même chose avec les autres ; il ne leur donnait même pas de café. Les hallucinogènes furent efficaces avec moi, mais je l’ai complètement indexé.
-Qu’attendez-vous de l’ouverture qui commence en ce moment ?
-Je ne sais pas ce qui va se passer. Don Juan ne m’a jamais dit ce qui m’arriverait en face d’une masse (…). Nous avons précédemment été attentifs pour continuer en conformité avec les commandes de don Juan. Il nous a interdit d’être sous les projecteurs. A présent je veux enseigner de cette façon, parce que c’est une dette immense, que je ne peux plus lui payer.
-N’avez-vous pas peur de devenir un gourou ?
-Non, parce que je n’ai pas d’ego, il n’y a pas moyen.
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« Je suis un idiot, tout comme vous tous », dit Carlos Castaneda.
« Si l’énergie est là, je reviendrai au Mexique ».
Il n’y a rien en Castaneda qui permettra de voir en lui un guide spirituel. Il est très mince, petit et simple. Il est basané ; il a des cheveux blancs qu’il peigne en avant. Il porte une chemise à manches longues et des jeans sans poches à l’arrière. Sur scène, avec un petit microphone attaché à ses vêtements, il agit de façon ordinaire devant son audience de 700 personnes réunies à la dernière de ses trois conférences sur les nouveaux chemins de la Tenségrité dans le Centre Asturian. Assis ou allongés sur leur tapis, ils l’écoutent, anticipant ses plaisanteries qu’ils accueillent avec des rires et parfois des applaudissements.
« Vous vous souvenez de cette blague que je vous ai raconté l’autre soir ? Je vais vous la raconter encore une fois…qu’est-ce que je disais ? Je suis sénile ! »
Castaneda fait sans cesse de l’humour lorsqu’il parle, abolissant les doutes ou les laissant là où ils sont, faisant un effort pour ne pas intellectualiser la conférence.
« Posez des questions courtes, fonctionnelles. Demander sans désir de savoir, ne demandez pas parce que vous voulez que je vous écoute parler. »
Il dit qu’il ne lit pas les lettres afin d’éviter les questions « tirées par les cheveux », et il mentionna quelques-uns de ses partisans :
- J’ai rêvé que j’étais un oiseau ».
- Quel oiseau ? Un oiseau homo ou bien ? C’est une réponse chinoise, mais elle est efficace. »
- Comment puis-je savoir que je suis double ? »
- Tu es double, pendeja. Un double pendeja.” (Pendeja est une insulte espagnole qui signifie extrêmement stupide).
- Comment puis-je devenir ce que je n’ai jamais été ? »
- Eh bien, je ne sais pas. Pousse… »
- Donnez-moi une raison d’être raisonnable ».
- Non, non ! On ne doit pas être guidé par l’intellect. Ce sont des questions qui semblent profondes mais qui ne le sont pas. C’est du divertissement. Don Juan était si simple que cela m’effrayait. C’était un être direct. Il ne se perdait pas en convolutions qui ne mènent nulle part. Les sorciers sont des êtres pragmatiques. Nous sommes des dilettantes. Nos croyances sont insoutenables. La seule façon pour nous de les sustenter est en nous mettant en colère : ‘Comment peux-tu dire que ce n’est pas vrai espèce de crétin ?’ Et nous partons furieux.
Il existe une terrible vérité : personne ne veut être libre. Nous avons peur. De quoi ? Je ne sais pas. Nous avons peur. Un poulet courageux s’échappe du poulailler et devient un fugitif. ‘Pour toujours ?’ m’a demandé une fille. Chérie, c’est le poulailler ou la liberté ! J’aime la liberté. Je n’aime pas le poulailler humain. Il y a des choses dans le poulailler humain qui ne sont pas à moi. »
Il confirma : « Je ne suis pas un gourou. Je ne peux pas accepter ou refuser quoi que soit à personne. C’est trop Hindou ! Je ne peux dire à personne s’il est un chaman ou pas ; ni si il est en fait un idiot. Qui suis-je pour dire ça ? Ils me placent dans des situations intenables. Je ne peux embrouiller personne parce que je trouve ça complètement irrespectueux. C’est ce qui se passe dans l’amitié. Mais je ne suis l’ami de personne. Et ma façon de m’en préserver c’est en ne voyant personne. »
Il fit des révélations sur son identité qu’il aurait été impensable de faire en d’autres temps : « Je viens d’Amérique du sud. Pas du Yucatan. On m’a demandé si j’étais du Campeche, parce que je suis petit avec une grosse tête. Non, je ne suis pas du Campeche. Je viens de beaucoup plus loin…
Ce n’est vraiment pas essentiel de me transformer en quelque chose de spécial. Vraiment pas. J’ai fait des enquêtes énergétiques et non, je n’ai rien d’extraordinaire. Je suis un idiot comme chacun d’entre vous. La plus importante clé que m’ait donnée don Juan est d’atteindre le silence intérieur, d’abolir l’hégémonie du mental comme méthode pour trouver la liberté. C’est faire taire le mental. Don Juan m’a dit que lorsque j’arrivais à atteindre 8 à 10 secondes de silence, les choses allaient commencer à devenir intéressantes, et ma question de pet était : ‘Et comment je saurai que c’est 8 secondes ?’ Non chéri, ce n’est pas comme ça. Je ne sais pas ce qui te dit que c’est 8 secondes. Quelque chose à l’intérieur nous le dit. Le but c’est d’accumuler du silence seconde par seconde. A un moment, je suis parvenu à ce seuil sans le savoir, accumulant seconde après seconde. A ce point, il n’y a plus de mental, juste du silence. Ce silence a plus de trente ans maintenant. Je vous parle depuis ce silence. »
« Dans ce genre de séminaires, affirme t-il, j’ai vu des choses que don Juan n’a jamais vu. Les gens attirent involontairement leur corps d’énergie. La connaissance apprise en trente ans arrive en deux secondes. Depuis août jusqu’à aujourd’hui, je ne sais pas quoi penser. J’ai vu beaucoup de talent énergétique et je ne sais pas quoi faire avec ça. Je vois la vitesse à laquelle vous apprenez. Si je vous prenais un par un, cela me prendrait des mois pour vous montrer un seul putain de mouvement. Comment faites-vous pour apprendre si vite ensemble ? Je ne sais pas. La masse...le groupe donne plus d’intensité... »
Il insista sur « se défaire du mental » et utiliser le corps d’énergie.
« Mon mental est quelque chose qui m’ait étranger. Il y a une strate (un niveau) en vous qui est vraiment ce que vous êtes. Défaites-vous du mental et vous serez vous-même. Cela implique de laisser tomber la satisfaction de soi et de vous transformez en quelque chose de fonctionnel : un être fait pour le combat. »
Il combattit à nouveau l’égocentrisme :
« L’idéologie du moi est la plus pernicieuse qui soit. Les gens vivent en ne pensant qu’à eux, ils vont chez le psychiatre pour parler d’eux-mêmes. Quelle tragédie ! Je ne m’intéresse qu’à moi, à moi et seulement à moi (il chante). Nous ne sommes pas comme ça ! Pourquoi défendons-nous des postures qui ne sont pas les notre ? C’est de la masturbation mentale. Nous ne questionnons pas ce qu’on nous impose car nous n’en avons pas l’énergie. Ce qui peut transformer nos actions c’est le corps d’énergie, et nous n’y avons pas accès. Ce n’est pas de la paranoïa de sorcier. Les sorciers sont trop simples et directs, ils ne portent pas de masque, ils vont directement à la réponse. »
Il parla de son expérience avec une célèbre astrologue à qui il alla rendre visite. Il se présenta comme Joe Cortes, un Chicano, et elle lui dit que ses chakras étaient en mauvais état.
« Cela m’a beaucoup intrigué et j’y suis retourné quelques mois plus tard. Elle m’avait déjà oublié. Je lui dit que j’étais Carlos Castaneda et cette fois-ci elle s’exclama : ‘Tellement de lumière, tellement de lumière !’ »
Il raconta aussi que Julio Iglesias l’avait approché : « C’est un mignon », dit-il. Celui-ci lui avait révélé : « Je baise tous les jours. Pas super bien, mais tous les jours ». Castaneda ne connaissait pas la raison de cette révélation personnelle, mais il lui avait répliqué : « Moi aussi. Tu baises, je cogite. » (en argot espagnol, baiser se dit aussi ‘cogitar’).
Il expliqua : « Je suis une baise ennuyeuse. Don Juan m’a transformé en un être avare d’énergie. Je ne fais pas rien. Mais je fais tout. Qu’est-ce que c’est que ce truc d’impulsion sexuelle quand vous ne ressentez rien ? Je connais une femme appelée ‘la casseuse de lit’. Elle n’a jamais rien ressenti mais elle a foutu en l’air onze lits. »
- Comment renforce t-on la volonté ? »
- Avec l’énergie. C’est le seul moyen. »
- Est-ce que l’intention suffit ? »
- Oh, chéri ! L’intention est tout. C’est comme de dire ‘est-ce que la vie suffit ?’. L’intention est la force de l’Univers. »
- Faisons-nous partie d’une seule intention ? »
- Nous sommes la somme totale de l’intention. »
- Est-ce que la Tenségrité est la seule clé ? »
- C’est la seule que je connaisse. Et j’en ai entendu plus que vous. Trente ans passés en tant que Carlos Castaneda…Ouf ! J’ai entendu des merveilles. »
- Peut-on pratiquer la Tenségrité sans chaussures ? »
- Faites-le à poil, mais faites-le ! »
- Quelle est la bonne manière de parler ? »
- Ah ! Nous aurions du parler de la bonne manière de chier. Don Juan parlait de la bonne manière de mâcher. ‘Pour quoi faire ?’, lui ai-je demandé. ‘Pour éviter de commettre un péché’, me répondit-il. »
- J’ai pratiqué la Tenségrité et je sens que c’est suffisant. »
- Suffisant pour quoi ? »
- Pouvons-nous écarter nos enfants de l’ordre social ? »
- Nous faisons partie de l’ordre social. Ce que nous pouvons faire en tant que parents est de nous-même nous écarter de toutes les merdes de l’ordre social. »
- Que se passerait-il si beaucoup de personnes faisaient ce que vous dites ?”
- Ce qui se passerait ? Comment pourrais-je le savoir ? Je ne peux pas spéculer. Comme don Juan disait : ‘Demande aux étoiles…’ »
- Allez-vous revenir au Mexique ? »
- Si il y a l’énergie, oui. Nous allons monter une compagnie…Bon, un petit groupe de gens qui veulent en savoir plus à propos de ces choses. Ce sont les mêmes personnes qui ont organisé ce séminaire…Le Mexique est rempli de choses qui ne peuvent pas être comprises parce que nous n’avons pas la subtilité nécessaire. Nous sommes plein de choses qu’il n’est pas possible de découvrir avec nos schémas comportementaux… »
Le séminaire s’acheva et Castaneda sauta de la scène dans une foule voulant l’approcher. Il ne signa qu’un seul livre. Un jeune homme lui demanda : « Nagual, pouvez-vous me signer un autographe avec votre doigt ? » Il étendit son poignet droit pour que Castaneda le touche mais il dit « Non, pas ça », et disparut derrière une porte.