Los Angeles, Séminaire intensif de Tenségrité, 13 août 1995
Castaneda apparut un peu après quatre heures de l'après-midi, impeccablement habillé, portant un costume marron, des chaussures marron et une cravate jaune et marron. Les chaises se trouvaient à proximité de la scène, comme promis cette fois. Les membres de son clan prirent place à nouveau dans les deux premières rangées, bien que la jeune fille qui avait été présentée la semaine précédente (en compagnie de l'Eclaireur bleu), en tant qu' « être cyclique », fut absente. Du côté nord au bout de la rangée se trouvait l'Eclaireur bleu, assise à côté d'une jeune femme avec des cheveux très rouge, puis venait ensuite Carol Tiggs, Florinda, et enfin Taisha. Amalia était à côté de Taisha, et les Chacmools étaient à ses côtés. Castaneda dit qu'il avait prévu de parler des êtres inorganiques ce soir là, et que le sujet avait semble t-il effrayé certaines personnes.
Don Juan lui avait dit que tout était le produit de l'interaction de deux forces. Les situations sont toujours en dichotomie - par exemple, des cliques opposées au travail ou d'autres situations du même type - et le système des sorciers sert à guider cette dichotomie.
Une fois, il était à Tula avec le groupe de don Juan. Tula et sa vallée est la région d'où venaient tous les anciens sorciers de la lignée de don Juan, et c'était également l'endroit où don Juan habitait. Castaneda prenait un immense plaisir à être avec ces splendides guerriers qu'étaient les membres du clan de don Juan. A cette époque, le nagual Mathias leur rendait visite ; un nouveau nagual de l'héritage allemand, qui avait été frappé sur la tête quand il avait 14 ans et qui n'avait jamais récupéré. Il parlait un espagnol étrange, qu'il disait provenir du temps de la Conquête. (Et qui était Castaneda pour dire que ce n'était pas possible ?) Il voulait aller à Tula avec le groupe de don Juan. Castaneda était heureux que la situation se transforme en dichotomie et qu'ils n'emmènent pas Mathias avec eux. Apparemment, ils s'amalgamèrent en deux groupes, « les bons sorciers et les mauvais sorciers. »
Les sorciers aiment contrôler cette division pour aller vers « ce qui est permissible. » Le même genre de dichotomie s'opère dans notre monde. D'un côté se trouve le monde organique - qui nous inclut, nous, et d'autres organismes dotés d'une conscience. De l'autre côté se trouve le royaume inorganique - des entités avec une conscience mais sans corps organiques. « La structure de leur monde est différente mais complémentaire à la nôtre. » Les sorciers découvrirent que les êtres inorganiques venaient à leur rencontre au travers des rêves. Les rêves, en tout cas un certain type de rêves spéciaux, sont des « portails » qui ouvrent sur un passage donnant sur le côté inorganique de l'univers, et qui leur permet de passer dans notre monde. C'est seulement en rêve que nous pouvons suffisamment équilibrer notre énergie pour percevoir cet autre royaume. Autrement, notre vélocité est trop rapide pour les percevoir.
Les anciens sorciers découvrirent que les rêves donnent accès aux êtres inorganiques et aussi à d'autres royaumes. Ils nommèrent les êtres qui s'y trouvaient « les alliés ». Ce terme n'est pas approprié, bien sûr, puisque ces êtres ne sont pas capables d'agir comme des alliés dans ce royaume, et ils laissèrent tomber les sorciers en temps de crise. Depuis lors, les sorciers s'en sont tenus à l'écart. Don Juan sentait que la seule chose à faire était de se tenir à l'écart des êtres inorganiques. Au moment où on utilise le portail, on entre dans un véritable monde très bien organisé, que ça nous plaise ou non. Les sorciers entraînent leur attention de rêver - la développant dès le début en se souvenant de focaliser leurs yeux sur n'importe quel objet, en donnant de petits coup d'œil, puis en déplaçant leur focalisation sur un autre objet, puis un autre, etc.
Ils découvrirent que pour chaque individu il y a un nombre seuil d'objets que nous pouvons focaliser avant que le rêve devienne autre chose. Dans les rêves non ordinaires, une fois que nous atteignons ce seuil, nous sommes en route autre chose. De tels rêves spéciaux s'annoncent par quelque chose de plutôt inhabituel - par exemple, l'image d'un poisson qui vole. Une fois que l'on apprend à piéger notre attention, nous pouvons atteindre ce seuil à partir du moment où nous entrons dans « un rêve qui n'est pas un rêve. »
Don Juan donna comme tâche à Castaneda de chercher ses mains dans ses rêves, et Castaneda la transforma en obsession. Il découvrit qu'il ne pouvait pas le faire (et s'imita lui-même en train de dire à don Juan qu'il ne pouvait pas trouver ses mains. Don Juan lui dit qu'il pouvait chercher autre chose : « Cherche ton pénis. » Castaneda s'imita, disant sur un ton geignard, « Décidez-vous une fois pour toutes à arrêter vos blagues, je ne les aime pas. ») Don Juan lui dit initialement de chercher ses mains « ou quelque chose d'autre, » et il oublia simplement ce « quelque chose d'autre. » - [Cela lui rappela une femme qui avait fait une liste de toutes les raisons qui la rendaient spéciale. Il dit qu'il nous ramènerait la liste avant la fin du séminaire. Sur la liste, par exemple, il y avait le fait qu'un jour un professeur lui avait dit, « d'une certaine façon tu es trop mature. » Lorsque Castaneda lui avait demandé s'il ne manquait pas quelque chose dans cette affirmation, elle était allée parler au professeur et avait découvert à son grand regret qu'il avait juste tenté de lui dire, « Tu es trop mûre pour agir comme un trou du cul. »] - Castaneda voyait tout sauf ses mains. En fait, il ne trouva ses mains qu'une seule fois dans ses rêves - et ce n'était pas vraiment les siennes mais plutôt deux grosses mains velues. (Ils ont trouvé récemment des mains de singe en plastique, et ont trouvé que leur aspect, en forme de coupe, était représentatif de ce que sont les êtres humains - des êtres avec de petites mains cupides de gorille. Il dit qu'il nous les rapporterait pour nous les montrer.) Mais Castaneda avait en fait réussi à accomplir la mission que lui avait donnée don Juan, sans le savoir, car il avait focalisé son attention sur toutes les autres choses dans ses rêves. (Il était sûr que d'avoir mentionné cette commande de don Juan avait eu le même effet sur ceux qui avaient lu ses livres et avait produit une obsession à propos de trouver ses mains.)
L'attention de rêver est une autre source de discipline qui nous rend immangeables pour les Flyers. Une fois que nous traversons le portail, quelque chose vient pour nous emmener vers une autre couche de l'oignon, ou vers l'univers duel des êtres inorganiques. Nous contrôlons la direction vers laquelle nous allons en exprimant notre intention à voix haute - essentiellement en donnant des ordres, comme « Emmène moi dans ton monde. » La seule chose qu'ils écoutent est un ordre direct, il n'est pas bon du tout de geindre, ou de supplier. Il ne faut pas leur demander quoi que ce soit de façon arrogante, mais plutôt d'une manière forte, ferme et convaincante. « Si vous êtes bien élevé, vous pouvez dire ‘s'il vous plaît' ou ‘merci' », plaisanta t-il, « mais c'est optionnel. »
Une fois que vous avez exprimé à voix haute votre désir d'aller dans leur monde, ces balles d'énergie vous emportent. Don Juan lui a dit d'aller ailleurs et de ne pas exprimer à voix haute son intention d'aller dans le monde des êtres inorganiques. Mais Castaneda a toujours eu cette étrange propension à se fourrer dans des situations dangereuses.
Enfant, Castaneda jouait de la trompette pour éviter d'aller à l'école. Il disait à son professeur qu'il avait des répétitions avec son groupe, puis il disait au groupe qu'il devait aller en cours. Ainsi, il finit par n'aller à aucun des deux. Puis, il fut transféré dans une autre école, et le type qui s'occupait du groupe de musique lui dit qu'ils n'avaient pas besoin de lui. (Il s'imita en état de choc à l'idée de devoir aller en classe.) Alors il avait décidé de rendre sa trompette inutilisable. A la nuit tombée, dans le pensionnat, il se glissa furtivement dans la salle de répétition et démarra un petit feu, en utilisant de la corde, afin de créer suffisamment de chaleur dans l'embouchure de la trompette pour rendre le ton mauvais. Mais il aurait dû utiliser du câble plutôt qu'une corde. La corde tomba dans une percussion. Alors, il essaya d'arrêter le feu avec de l'eau, au lieu de retourner dans son lit, où il n'aurait pas été surpris. Mais il n'était pas assez fort pour soulever le seau d'eau (il s'imita en train de répandre de l'eau partout), et il dut le remplir par trois fois. Il finit par se détremper les pieds. Puis il retourna dans son lit et, naturellement, fut découvert en raison des traces de pied mouillées qui l'avaient directement conduites à lui. Finalement, une aile entière du bâtiment avait brûlé. Sa famille avait dû payer pour la reconstruction de l'aile et pour les instruments. Il en avait parlé à son grand-père, son seul allié. Son grand-père avait seulement dit, « Que c'est stupide ! Tu aurais dû utiliser du câble. » Son grand-père, un peu criminel lui-même, était horrifié par la stupidité du garçon mais pas par l'acte nihiliste de brûler l'école.
Ainsi, Castaneda nous dit qu'il était un « crétin désespéré » de nature, quelqu'un qui prend des risque. Don Juan lui avait dit qu'il allait commencer à entendre une voix, celle de « l'émissaire de rêver », mais lui avait dit de ne pas l'écouter. Un jour, il entendit une voix, mais se dit à lui-même que cela devait être dû à un genre d'effet post-hallucinogène. Cependant, la voix vient d'un autre monde, et s'adapte à nous. Pour lui, cela avait commencé par être une voix d'homme qui parlait un espagnol argentin, ou un anglais de la côte ouest des Etats-Unis. Elle utilisait des termes attachants - comme « flaco », « hijito », et « boludo. » Et la voix lui avait dit qu'elle lui révélerait tout ce qu'il voudrait savoir. Mais ses résultats étaient toujours désynchronisés. Elle lui disait quelque chose à propos de quelqu'un deux mois après sa demande, ou même 5 ans après, alors qu'il n'en avait plus rien à faire.
Cette voix de l'émissaire de rêve s'attache à nous physiquement. Pour lui, il l'avait ressentie comme si elle provenait de la zone du foie.
Le monde des êtres inorganiques est essentiellement féminin, et Castaneda avait fini par entendre une voix de femme - « plutôt exquise. » Les mâles sont couvés dans ce monde parce qu'ils ne sont qu'une « petite vrille » provenant d'une base femelle. (Il imita « être un macho », puis n'être juste qu'une « petite vrille ». Puis il décrivit comment une fois, alors qu'il était chez don Juan, il s'était mouché le nez si fort que ses végétations étaient sorties. Sa réaction immédiate avait été « d'aller voir maman pour lui montrer.» Cela lui rappela alors qu'il avait travaillé dans un hôpital psychiatrique, où un type qui n'avait plus aucune sensation dans son corps avait attrapé un de ses globes oculaires, puis l'avait apporté au docteur en disant, « Regardez ce qui vient de se passer. » Etant seulement psychiatre et pas chirurgien, le docteur s'était évanoui. Le même patient fut découvert un peu plus tard en train de se scier le bras, en chantant « Le vieux MacDonald avait une ferme. »)
Don Juan ne s'attendait pas à ce que Castaneda soit si stupide. L'émissaire de rêve est un commerçant très attachant. Il dit, « Tout ce que vous avez à faire est de me dire deux mots. » Ces mots sont « Pour toujours. » - « Si vous me donnez votre parole, nous pouvons allonger votre conscience à 5 milliards d'années. Vous pourrez voir des choses inconcevables, comme le cœur d'une étoile, et vous ne brûlerez pas. Vous n'aurez pas besoin des respirer. Mais, nous ne pouvons pas vous forcer, c'est votre choix. » Don Juan lui avait dit de ne pas tomber là dedans.
Les êtres inorganiques sont aussi consommés par les Flyers, et ils désirent joindrent leur vitesse lente à la nôtre, plus rapide. La voix emmena une fois Castaneda dans le monde des êtres inorganiques et lui dit qu'il était peuplé de trois types d'êtres - ceux qui ressemblent à des bougies ondulantes, ceux qui sont ronds, et d'autres qui sont en forme de cloche. La voix lui dit aussi qu'il y avait d'autres entités qu'elle ne pouvait pas lui montrer à moins qu'il donne sa parole de rester. « Tous les rêveurs mâles ont rapporté la même expérience, don Juan inclus. » Les psychiatres et d'autres experts ne purent lui expliquer ce qu'était cette expérience, à part le produit de son esprit. Castaneda finit par faire des voyages sans fin dans ce monde, et durant l'un deux, il vit une énergie qui ressemblait à une petite fille qu'il connaissait. La « fille » lui demanda de l'aide. D'après don Juan, une des qualités de Castaneda était qu'il était capable de sauter avec bravoure pour briser les chaînes de l'autre. Il donna sa parole, son intention, ce qui épuisa toute son énergie, et il fut retenu là, bien qu'il ait réussi à libérer la « fille ». Don Juan et quelques-uns de ses associés avaient dû y aller pour le sortir de là. Ils n'y étaient pas entrés en rêvant mais grâce à des techniques de sorcellerie d'une haute maîtrise. Ainsi, Castaneda savait que c'était un monde réel, un univers jumeau.
Don Juan avait prévu de sauter en évitant le monde des êtres inorganiques. Mais Castaneda nous dit que nous ne pouvions pas faire le voyage définitif sans passer par « la maison de nos cousins. » Même si ce monde est grandement mixé avec le nôtre, don Juan avait insisté sur le fait d'en rester à l'écart. Don Juan était dans une position de déni absolu. Castaneda pense qu'il est maintenant préférable de traiter avec ce monde ; d'apprendre à le gérer avant de s'engager pour notre ultime voyage.
Les êtres inorganiques peuvent ralentir notre vitesse et augmenter la leur, en nous donnant soit des aperçus fugaces de leur présence, soit au travers d'interactions soutenues. « Les femmes n'ont pas besoin de lire beaucoup. Mais bon, il peut y avoir des femmes philosophes qui le font. » (Florinda sembla mal à l'aise à ce moment.) « Et peut-être des femmes allemandes, des femmes allemandes philosophes. »
Castaneda dit qu'il demandait toujours, comme beaucoup d'entre nous, quand est-ce qu'il serait capable de voir l'énergie, et quand les pratiques de sorcellerie auraient un impact sur lui. Puisque certaines personnes avaient dit qu'elles n'avaient pas entendu « l'horrible histoire » qu'il avait racontée le dimanche précédent, il raconta à nouveau l'histoire de don Juan lui disant qu'une façon de savoir s'il avait fait des progrès était de se pencher en avant et de péter en direction de l'est. Si c'était un gros pet, c'est qu'il faisait des progrès.
L'interaction du groupe de Castaneda avec les êtres inorganiques est bien plus grande qu'elle ne l'était au temps de don Juan. Les histoires de don Juan sur les anciens sorciers n'ont pas beaucoup aidé Castaneda à traiter avec ce monde. Tout ce que Castaneda possède sur ce monde pour continuer sont ses propres observations, et le fait que les êtres inorganiques ne peuvent pas mentir. Cependant, ils ne peuvent répondre qu'à des questions qui ne sont pas d'ordre spéculatif - par exemple, « Y a-t-il un homme de l'autre côté de ce mur ? Pourquoi y a-t-il un homme derrière ce mur ? Comment cet homme est arrivé là ? » Cela nous entraîne à être très direct. Traiter avec les êtres inorganiques nous force à devenir clair comme du cristal, car sinon l'émissaire de rêve ne peut pas nous répondre. Castaneda leur avait posé des questions à propos de notre interaction avec les êtres inorganiques, et ils lui avaient dit que cela pouvait arriver, au travers d'une immense sobriété.
Les Flyers ou « les sauteurs », sont aussi inorganiques, et se nourrissent d'autres êtres organiques. Bien que les sorciers aient été incapables de distinguer les détails de l'œuf lumineux des organismes non humains afin de discerner cet état de fait, l'émissaire de rêve avait répondu « oui » à la question de savoir si les Flyers se nourrissaient des animaux ou des autres organismes de notre monde.
Castaneda n'entend plus la voix de l'émissaire de rêve maintenant. « Les êtres inorganiques m'ont piégé dans un monde longtemps recherché par don Juan où la cognition humaine ne fonctionne pas. » Quelque chose l'a tiré à travers un « tube de conscience longitudinale, » et il s'est retrouvé sur son côté gauche. Les êtres de ce monde ont une vision à 360°, ce qui les oblige à entreprendre des actions qui sont pour nous inconcevables. Afin sortir de ce monde, une voix avait dit à Castaneda qu'il devait « tourbillonner », ce qui avait causé d'importants dommages à sa rétine. Mais la voix lui avait proposé de le ramener sans douleur, s'il lui donnait sa parole. Castaneda décida que le seul moyen de s'en sortir était d'adopter l'attitude de ne pas se soucier de s'en sortir ou pas, ce qui, en quelque sorte, lui avait permis de revenir par ses propres moyens. Maintenant, il n'entend plus la voix, et elle lui manque. Il regrette de ne pas lui avoir dit merci, car la voix lui a dit des choses stupéfiantes, inconcevables.
Un des principes de la voie des sorciers est que l'on doit payer pour ce qu'on a reçu, et si nous ne pouvons pas payer, nous devons au moins donner quelque chose d'une valeur égale.
La petite fille de 10 ans qu'il avait mentionnée la nuit précédente (l'Eclaireur orange), avait dû faire un choix - soit elle restait avec eux, soit elle retournait vivre avec ses grands-parents (les parents de Florinda). « La décision est un autre des principes des sorciers. Les sorciers voient un horizon d'ambre roussâtre en permanence. » A un certain moment se produit un mouvement de tourbillon quelque part - sur notre gauche, notre droite ou au centre - cela tourbillonne dans le sens des aiguilles d'une montre depuis la vision de l'observateur. Puis une porte s'ouvre, et vous voyez l'infini à travers celle-ci, et une décision se présente. Cela se passa ainsi pour la petite fille de 10 ans. Elle avait décidé d'aller vivre avec ses grands-parents, bien qu'elle ait affirmé vouloir rester avec eux pendant un moment encore. « Nous l'avons mise dans un avion aujourd'hui. » Sa décision était finale pour eux. Le facteur décisif pour elle fut qu'elle désirait manger des tamales. Ses grands-parents lui donnaient tout ce qu'elle voulait. Le groupe de Castaneda lui donnait aussi tout ce qu'elle voulait, sauf des tamales ou du sucre. Don Juan se fichait pas mal des choix, tout ce qui l'intéressait était de continuer sa lignée. Cependant, le choix est la seule chose que possède Castaneda, alors comment pourrait-il ne pas le respecter ? Ainsi, la petite fille a choisi de mourir.
Une fois, Castaneda était allé voir un célèbre producteur, à propos de la possibilité de faire un film sur « Les Enseignements de don Juan. » Le type le reçut dans une pièce immense, très impressionnante, dans Century City ; il avait également un bureau gigantesque, et Castaneda était assis loin au-dessous de lui. L'homme avait des bagues à tous les doigts et mâchait un cigare. Il marmonna quelques questions à Castaneda, que celui-ci ne put comprendre. Il marmonna à nouveau, et Castaneda ne put toujours pas le comprendre et commença à se sentir très mal à l'aise. Puis le producteur enleva le cigare de sa bouche et demanda, « Est-ce que la tribu s'en occupait ? » Oups, maintenant Castaneda pouvait l'entendre mais n'avait aucune idée de quoi le type était en train de parler, et pensa qu'il n'avait pas bien entendu. Il lui demanda à nouveau de répéter sa question. Finalement l'homme expliqua qu'il était en train de demander si le groupe de don Juan s'intéressait au fait que don Juan ait donné du peyotl à Castaneda. Castaneda fut grandement soulagé d'avoir au moins une question à laquelle il put répondre, et il dit, « Oui. » L'homme lui dit, « Alors il y aurait un épisode dramatique. Cette partie à propos de pisser sur des chiens m'a laissé plutôt froid. » Mais il pensait que la scène avec les autres Indiens contrariés par le fait que Castaneda reçoive du peyotl avait une vraie tension dramatique. (Castaneda imita les Indiens hollywoodiens en train de dire, « Brûlons-le. ») Le producteur voulait également que Mia Farrow soit dans le casting pour jouer l'intrigue romanesque. Elle resterait en arrière et jouerait « une femme qui dit, ‘Ne prends pas cette drogue !' Et tu le fais quand même. C'est la confrontation. »
Castaneda a rencontré beaucoup de gens d'Hollywood au fil des années. Il ne peut plus les supporter. Ils pensent tous que ses livres sont des créations fictionnelles. Castaneda avait expliqué que les livres étaient juste des explications phénoménologiques de quelque chose que tout le monde peut faire. « Mais personne ne nous en a parlé avant. » Il fit la description d'une femme gourou célèbre avec qui il avait dîné à Los Angeles, et qui tenait en permanence les testicules d'un grand et jeune masseur tout en lui parlant. Castaneda demanda finalement au type comment il pouvait supporter cela, et l'homme lui répondit, « La réponse c'est de ne jamais être seul. » Castaneda nous demanda, « Est-ce vraiment cela la réponse, de ne jamais être seul ? »
Une fois, Castaneda dut se faire opérer d'une mauvaise hernie. Une couverture de survie fut nécessaire afin qu'il supporte l'opération. Durant l'une de ses explorations dans la seconde attention, il avait fait quelque chose qui avait endommagé son corps. Il aurait pu se soigner lui-même, mais n'avait pas le temps ou l'énergie. Il fit une description du docteur en train de lui expliquer tous les risques de l'anesthésie - une explication complète d'un « grand homme à un autre grand homme, » tout cela, tandis que Castaneda était totalement nu. Ensuite un homosexuel mexicain était entré, et Castaneda imita le gars en train de rouler les yeux avec des gestes maniérés. Le gars dit à Castaneda de se mettre en position fœtale. Puis, il lui dit qu'il allait le maintenir et que cela ne lui ferait pas du tout mal. Castaneda trouva absurde que cette scène puisse être sa « dernière scène sur Terre. » Après qu'il s'être réveillé, une infirmière lui dit, « Vous voulez regarder la télévision, n'est-ce pas ? » Et sans même le regarder ou attendre sa réponse, elle alluma la télévision et repartit. Il vit alors Guru Rajneesh à la télévision en train d'expliquer qu'une femme de son entourage venait de lui voler 52 millions de dollars, et qu'il pensait que cette femme voulait contrôler le monde. Une autre scène absurde, qui fit rire Castaneda de façon incontrôlée. Castaneda se demandait ce que ces deux scènes ridicules pouvaient présager et en comment elles étaient connectées avec cette opération vitale.
« Vous êtes impeccable et vous posez votre intention. Le reste arrive tout seul. » Les anciens sorciers ne permirent jamais à leur conscience de grandir au-dessus de la région de la poitrine. En maintenant leur conscience à cet endroit, ils firent des assertions inexactes sur les êtres inorganiques et sur leur habilité à les aider dans ce plan. S'ils avaient laissée leur conscience croître au-dessus de leur tête, afin que celle-ci recouvre leur œuf, ils n'auraient pas fait ce genre d'erreur.
Don Juan disait, « Laisse le résultat en dehors de ton domaine. Lance ton intention, ton effort, et ensuite oublie tout ça. N'essaye pas de contrôler les résultats. » Castaneda nous recommanda d'essayer cette méthode avec quelque chose de très simple au début. (Il plaisanta sur le fait que nous ne devions pas laisser un marché d'un million de dollars se régler tout seul, pour ensuite dire, s'il n'était pas conclu, « C'est ce que Castaneda nous a dit de faire. »
A dix-huit heures, Castaneda commença à répondre aux questions. La première était de Louis : « Comment fait-on pour attraper des êtres inorganiques ? » Castaneda répondit : « Il faut insister. Mais vous devez leur laisser du temps parce qu'ils se déplacent lentement. » Il plaisanta sur quelqu'un qui attendait une heure ou deux, puis qui laissait tomber l'affaire. Il dit aussi qu'il avait l'habitude de crier, « Intention ! » et qu'un des membres de son groupe, sans doute Florinda, avait l'habitude de crier « Intention ! » de vive voix, ce qui faisait que ses voisins appelaient régulièrement la police. Il nous avertit aussi de ne pas se sentir penaud et de ne pas avoir de doutes lorsqu'il s'agissait de parler aux êtres inorganiques. « Ce que vous avez pour traiter avec eux c'est votre discipline, la discipline de la Tenségrité. »
Un homme posa une question à propos des Eclaireurs bleu et orange, mais Castaneda éluda la question, disant que ce n'était pas pertinent concernant les êtres inorganiques.
Une femme demanda comment s'échapper du monde des êtres inorganiques une seconde fois (c'est-à-dire, lorsqu'ils l'ont emmené vers le monde à 360°), Castaneda répondit : « J'y suis encore. » Il expliqua que c'était pour cette raison qu'il louchait. Il raconta qu'il était allé chez deux médecins différents, des spécialistes des yeux. Le second avait diagnostiqué que son état était dû au fait que Castaneda avait des relations sexuelles intenses, et de violents orgasmes. Il avait appris à ne prendre que les conseils ou les spéculations des médecins, sans tenter de leur raconter comment cela lui était vraiment arrivé. Ce médecin avait aussi calculé son âge, il avait trouvé 75 ans, et il était impressionné que Castaneda ait de violents orgasmes à cet âge.
Castaneda eut une fois une infection à la vessie après une de ses expériences. Il alla chez un médecin sous le nom de « Ramon Garcia. » Le médecin lui dit, « Ramon Garcia, qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? C'est une blennorragie. » Castaneda fit l'erreur de vouloir expliquer que cela était dû à un combat d'une grande ampleur énergétique. Le médecin diagnostiqua alors tout naturellement qu'il était fou, avec une blennorragie. Un jour, le célèbre psychiatre pour lequel travaillait Castaneda lui demanda, puisqu'il était tellement intéressé par l'ethnométhodologie, s'il voulait aller au troisième étage, là où se trouvaient les patients atteints de maladie mentale, afin qu'il puisse les étudier en tant que membre de leur groupe. Castaneda demanda, « Et si quelque chose vous arrive ? « (Sous-entendu que personne d'autre ne sache que Castaneda n'était pas vraiment un patient). Le psychiatre était sûr que Castaneda pourrait négocier afin de se sortir de là d'une manière ou d'une autre.
Thomas demanda si on pouvait pratiquer l'attention de rêver et la récapitulation en même temps. Castaneda répondit, « Oui, vous pouvez appeler l'attention de rêver en même temps. » Cela ne prend pas beaucoup de temps, comparé au temps que nous passons devant la télévision. Un homme posa une question à propos des Flyers qui n'apporta pas beaucoup de nouvelles informations. Castaneda dit que les Flyers sont « intégralement sur nous. » un homme demanda si le célibat était important. Castaneda dit, « Si vous êtes des baises ennuyeuses, oui. » Il raconta à nouveau l'histoire de son cousin « Rigoti », et comment son grand-père avait dit à Castaneda - « Arana » -- qu'il devrait imposer sa volonté et passer par la fenêtre, tandis que le beau Rigoti serait invité à passer par la porte. Le leitmotiv de son grand-père, que Castaneda adopta par la suite, était, « Tu ne peux pas faire l'amour à toutes les femmes du monde, mais tu peux essayer ! » Castaneda était né après une baise rapide - « derrière la porte » -- donc, il était tout le temps nerveux. Si vous êtes le fruit d'une relation passionnée, il n'y a pas de problème. Vous pouvez avoir autant de relations sexuelles que vous voulez.
Un homme demanda si la taille du point d'assemblage avait une limite extérieure. Castaneda dit qu'il avait habituellement la taille d'une balle de tennis. Il dit que le seul point d'assemblage immense qu'il avait vu était celui de la femme gourou qui attrapait les testicules du jeune masseur. Mais son point d'assemblage était très figé, alors qu'il aurait dû être fluide. Lorsque le point d'assemblage d'une personne est fixé, cette personne fait partie des personnes « qui savent tout » ; qui savent ce qui va et ce qui ne va pas. Elles sont des « autorités » et sont très coincées. Castaneda expliqua que le seul moyen de fluidifier le point d'assemblage était la récapitulation. Il mentionna que nous, les auditeurs, étions devenus plus forts en la pratiquant. « C'est génial d'intentionner la fluidité du point d'assemblage. »
Un homme posa une question sur le Défieur de la mort. Castaneda dit que ce serait le sujet de sa dernière conférence. Un homme demanda si les êtres inorganiques organisaient aussi des séminaires. Castaneda ria et dit, « peut-être ». L'homme demanda aussi si cela intéresserait les êtres inorganiques d'avoir une relation symbiotique avec nous. Castaneda dit, « Oui. Ils sont plus sages et plus vieux que nous, et ils adoreraient fusionner avec notre vitesse. Mais cette possibilité reste exclue, à moins que nous nous consacrions à la révolution de don Juan. » Un homme posa une question sur l'intention. Castaneda dit que nous allions y venir, en parlant de la traque. Une femme demanda, « Peut-on intentionner d'aller soit dans le monde des êtres inorganiques, soit dans d'autres lieux si une boule d'énergie vient à notre rencontre en rêve. » Castaneda répondit que oui, mais que don Juan ne lui en avait jamais parlé.
Un homme demanda si Castaneda avait des alliés, et s'il les utilisait. Castaneda répondit, « Non. » Il expliqua que les alliés étaient des entités très primitives qui provenaient de la lignée de don Juan. Castaneda avait des « trucs mieux que ça », et ces entités s'étaient tout simplement évanouies. L'intérêt de Castaneda est l'élucidation, il veut que « le monde des sorciers soit compréhensible en nos termes. » Une femme posa une question sur les moyens de stopper le dialogue intérieur. Castaneda fit le mouvement de picorer avec ses doigts, et suggéra que c'était un exemple, car nous devons être très attentif à ce que nous faisons. Les Chacmools le conduisent souvent dans certains endroits sans dire un mot. Elles ont tellement coupé leur dialogue intérieur que même entre elles, elles ne se parlent pas. « Elles ont fait de la Tenségrité tellement longtemps qu'elles ne parlent plus. Jusqu'à ce que vous leur demandiez de parler, et là elles ne peuvent plus la fermer. »
Castaneda nous dit aussi de ne pas nous laisser gouverner par les statistiques qui disent que nous n'absorbons que 3,5% de ce que nous entendons au cours d'une conférence. Castaneda avait l'habitude de se fier à cette affirmation, et s'en servait comme excuse pour dormir durant les conférences auxquelles il assistait, puisque de toute façon il n'allait en absorber que trois et demi pourcents (ou six pourcents si elle était répétée). Un homme posa une question sur le point d'assemblage des plantes. Castaneda dit que les arbres ressemblaient à d'énormes blobs de luminosité, et que leur point d'assemblage se trouvait tout en bas, au niveau des racines. Ainsi, les arbres assemblent la perception, ils perçoivent. L'ensemble des végétaux ont leur point d'assemblage au pied de leur cambrure. Leur point d'assemblage est habituellement plat, bien que certains soient de forme géométrique - les diamants par exemple. Les eucalyptus ont un point d'assemblage très « contracté », on dirait qu'il a des dents. Et Castaneda se demandait si nous savions pourquoi les gens disaient qu'ils sont mauvais pour l'environnement. Deux personnes avancèrent que les eucalyptus empoisonnaient le sol autour d'eux, que c'était « allopathique ». Les figuiers ont un point d'assemblage d'apparence exquise. Castaneda raconta une histoire où il avait été pratiquement tué par un figuier. Il était en train de cueillir des fruits pour Florinda, et l'un d'eux se balança devant lui en disant : « Mange-moi ! » Castaneda avait une intolérance héréditaire au fructose. Cependant, il avait commencé à manger tous les fruits de l'arbre. Ils l'avaient retrouvé inconscient. « Je me suis réveillé deux ans plus tard », plaisanta t-il.
Une femme posa une question sur la dichotomie, et comment cela était en relation avec la Tenségrité. Castaneda dit que la Tenségrité consistait en une série de tensions et de relâchements. Nous ne devons pas chercher la dichotomie, car le monde est déjà en dichotomie quoi que nous fassions. Don Juan avait tenté d'unifier Castaneda dès le début. Une femme posa une question à propos du fait que l'on ne pouvait pas être volontaire pour faire partie du monde des sorciers. Castaneda dit, « Non, votre intention fait une offre. » Il dit qu'il attendait une certaine action spéciale pour révéler la prochaine étape. « Notre dernier rempart est l'ego, et quand il est démasqué, où pouvons-nous aller ? » Il nous dit d'essayer de récapituler et d'exercer notre attention de rêver. « Certains prennent ça au sérieux, alors nous verrons bien... » Si nous faisons cela, notre vie dans la vie quotidienne deviendra plus forte, plus serrée. Nous ne serons plus à la merci des autres, comme ce fut le cas lorsque nous sommes nés dans ce monde en tant que « baises ennuyeuses. »
Un homme posa une question sur la connexion entre l'Aigle et les Flyers. Castaneda répondit que don Juan ne savait pas. Il n'avait pas pu répondre lorsque Castaneda lui avait posé la même question. Un homme posa une question sur la suggestion qui avait été faite la nuit précédente de rediriger notre attention, alors même qu'elle se trouve au niveau de nos pieds, depuis la position du moi-moi-moi. Castaneda dit qu'il nous avait donné des instructions à ce propos, c'était comme lorsque don Juan lui avait dit de chercher ses mains.
Une femme posa une question sur les êtres inorganiques et sur la tentative de don Juan de les éviter en partant pour son voyage définitif. Castaneda dit que don Juan était le parfait exemple du guerrier abstrait désirant la liberté abstraite, mais il supposait que son saut avait été minimisé parce que les membres praticiens de son clan étaient trop concrets. On a besoin d'une relation très sobre avec les êtres inorganiques pour naviguer dans leur monde. Tony, le bouddhiste tibétain qui a pris la photo des Flyers sur les pyramides, serait avec nous le dimanche suivant. C'est un « gars charmant ». Il a de grands yeux qui décrivent de larges cercles. Il est aussi un excellent traducteur qui fait de la traduction instantanée. Quelqu'un demanda comment Tony avait pris la photo. Il y avait 90 000 mexicains catholiques et bouddhistes à cet endroit, ainsi que le Dalai Lama. Tony est aussi « un saint ». Ils l'appèlent « Tony Lama. » Il avait organisé l'évènement, et y avait pris beaucoup de photos, en rafale. Sur l'une d'entre elles, il y avait une tâche qu'il a ensuite agrandie. Il l'a apporté à Carol Tiggs. Lorsqu'elle l'a montrée à Castaneda, ils le prirent comme le signe qu'il était temps de parler des Flyers. Don Juan lui avait dit de ne jamais en parler, car sinon les gens allaient sûrement le brûler.
Un homme demanda comment les sorciers utilisaient les noms. Quelle était leur fonction ? Castaneda dit que les noms n'étaient pas permanents. Ils dépendent de l'étape où nous sommes sur le chemin. Lui-même n'est plus « Carlos Castaneda ». Tout son corps a changé, et il a besoin d'un nouveau nom. Il a un autre nom, mais qui n'est pas encore tout à fait « coagulé. » Avoir juste un seul nom est trop bizarre, trop monogamique. Un homme demanda si l'univers avait de l'affection. Castaneda dit que la question n'était pas de savoir si l'univers était affectueux, mais plutôt de savoir si nous pouvions créer ce lien d'affection avec notre impeccabilité. La force de l'intention ou de l'esprit est là, mais nous ne pouvons lui faire face qu'avec une immense énergie. Si nous lui faisons face alors que nous sommes faibles, elle nous détruira. Si nous sommes fort, elle deviendra une force immensément accrue. Une femme demanda comment nous devions faire pour revenir de rêve. Castaneda expliqua que c'était comme une bande élastique - vous l'étirez autant que votre énergie le permet, puis quelque chose vous ramène. « Et vous n'êtes même pas en sueur. » Il plaisanta sur le fait d'être parti en rêve avec le costume qu'il portait, son préféré, et que celui-ci était revenu avec lui en parfaite condition, « repassé. »
Il mentionna à nouveau la petite fille et dit qu'elle était extrêmement intelligente et qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle leur avait demandé de l'excuser auprès de tout le monde d'être une petite fille ne sachant pas comment choisir. » Castaneda sembla très affecté par cette affirmation. Il raconta comment nous tentons de prendre la fuite devant les loups, en nous cloîtrant derrière une porte qui s'avère n'être qu'un encadrement de porte. Il n'y a aucun endroit où fuir dans ce monde. Quelqu'un demanda si la petite fille aurait une seconde chance. Castaneda répondit, « Non. Ce vortex ne s'ouvre qu'une seule fois. » Il dit qu'il n'avait aucun regret à propos de la petite fille. Ils avaient agi impeccablement avec elle. Elle avait pris sa décision, et à présent elle n'existait plus pour eux. C'était juste une histoire, une histoire poignante qu'il nous racontait. C'est ce que font tous les sorciers.
Castaneda apparut un peu après quatre heures de l'après-midi, impeccablement habillé, portant un costume marron, des chaussures marron et une cravate jaune et marron. Les chaises se trouvaient à proximité de la scène, comme promis cette fois. Les membres de son clan prirent place à nouveau dans les deux premières rangées, bien que la jeune fille qui avait été présentée la semaine précédente (en compagnie de l'Eclaireur bleu), en tant qu' « être cyclique », fut absente. Du côté nord au bout de la rangée se trouvait l'Eclaireur bleu, assise à côté d'une jeune femme avec des cheveux très rouge, puis venait ensuite Carol Tiggs, Florinda, et enfin Taisha. Amalia était à côté de Taisha, et les Chacmools étaient à ses côtés. Castaneda dit qu'il avait prévu de parler des êtres inorganiques ce soir là, et que le sujet avait semble t-il effrayé certaines personnes.
Don Juan lui avait dit que tout était le produit de l'interaction de deux forces. Les situations sont toujours en dichotomie - par exemple, des cliques opposées au travail ou d'autres situations du même type - et le système des sorciers sert à guider cette dichotomie.
Une fois, il était à Tula avec le groupe de don Juan. Tula et sa vallée est la région d'où venaient tous les anciens sorciers de la lignée de don Juan, et c'était également l'endroit où don Juan habitait. Castaneda prenait un immense plaisir à être avec ces splendides guerriers qu'étaient les membres du clan de don Juan. A cette époque, le nagual Mathias leur rendait visite ; un nouveau nagual de l'héritage allemand, qui avait été frappé sur la tête quand il avait 14 ans et qui n'avait jamais récupéré. Il parlait un espagnol étrange, qu'il disait provenir du temps de la Conquête. (Et qui était Castaneda pour dire que ce n'était pas possible ?) Il voulait aller à Tula avec le groupe de don Juan. Castaneda était heureux que la situation se transforme en dichotomie et qu'ils n'emmènent pas Mathias avec eux. Apparemment, ils s'amalgamèrent en deux groupes, « les bons sorciers et les mauvais sorciers. »
Les sorciers aiment contrôler cette division pour aller vers « ce qui est permissible. » Le même genre de dichotomie s'opère dans notre monde. D'un côté se trouve le monde organique - qui nous inclut, nous, et d'autres organismes dotés d'une conscience. De l'autre côté se trouve le royaume inorganique - des entités avec une conscience mais sans corps organiques. « La structure de leur monde est différente mais complémentaire à la nôtre. » Les sorciers découvrirent que les êtres inorganiques venaient à leur rencontre au travers des rêves. Les rêves, en tout cas un certain type de rêves spéciaux, sont des « portails » qui ouvrent sur un passage donnant sur le côté inorganique de l'univers, et qui leur permet de passer dans notre monde. C'est seulement en rêve que nous pouvons suffisamment équilibrer notre énergie pour percevoir cet autre royaume. Autrement, notre vélocité est trop rapide pour les percevoir.
Les anciens sorciers découvrirent que les rêves donnent accès aux êtres inorganiques et aussi à d'autres royaumes. Ils nommèrent les êtres qui s'y trouvaient « les alliés ». Ce terme n'est pas approprié, bien sûr, puisque ces êtres ne sont pas capables d'agir comme des alliés dans ce royaume, et ils laissèrent tomber les sorciers en temps de crise. Depuis lors, les sorciers s'en sont tenus à l'écart. Don Juan sentait que la seule chose à faire était de se tenir à l'écart des êtres inorganiques. Au moment où on utilise le portail, on entre dans un véritable monde très bien organisé, que ça nous plaise ou non. Les sorciers entraînent leur attention de rêver - la développant dès le début en se souvenant de focaliser leurs yeux sur n'importe quel objet, en donnant de petits coup d'œil, puis en déplaçant leur focalisation sur un autre objet, puis un autre, etc.
Ils découvrirent que pour chaque individu il y a un nombre seuil d'objets que nous pouvons focaliser avant que le rêve devienne autre chose. Dans les rêves non ordinaires, une fois que nous atteignons ce seuil, nous sommes en route autre chose. De tels rêves spéciaux s'annoncent par quelque chose de plutôt inhabituel - par exemple, l'image d'un poisson qui vole. Une fois que l'on apprend à piéger notre attention, nous pouvons atteindre ce seuil à partir du moment où nous entrons dans « un rêve qui n'est pas un rêve. »
Don Juan donna comme tâche à Castaneda de chercher ses mains dans ses rêves, et Castaneda la transforma en obsession. Il découvrit qu'il ne pouvait pas le faire (et s'imita lui-même en train de dire à don Juan qu'il ne pouvait pas trouver ses mains. Don Juan lui dit qu'il pouvait chercher autre chose : « Cherche ton pénis. » Castaneda s'imita, disant sur un ton geignard, « Décidez-vous une fois pour toutes à arrêter vos blagues, je ne les aime pas. ») Don Juan lui dit initialement de chercher ses mains « ou quelque chose d'autre, » et il oublia simplement ce « quelque chose d'autre. » - [Cela lui rappela une femme qui avait fait une liste de toutes les raisons qui la rendaient spéciale. Il dit qu'il nous ramènerait la liste avant la fin du séminaire. Sur la liste, par exemple, il y avait le fait qu'un jour un professeur lui avait dit, « d'une certaine façon tu es trop mature. » Lorsque Castaneda lui avait demandé s'il ne manquait pas quelque chose dans cette affirmation, elle était allée parler au professeur et avait découvert à son grand regret qu'il avait juste tenté de lui dire, « Tu es trop mûre pour agir comme un trou du cul. »] - Castaneda voyait tout sauf ses mains. En fait, il ne trouva ses mains qu'une seule fois dans ses rêves - et ce n'était pas vraiment les siennes mais plutôt deux grosses mains velues. (Ils ont trouvé récemment des mains de singe en plastique, et ont trouvé que leur aspect, en forme de coupe, était représentatif de ce que sont les êtres humains - des êtres avec de petites mains cupides de gorille. Il dit qu'il nous les rapporterait pour nous les montrer.) Mais Castaneda avait en fait réussi à accomplir la mission que lui avait donnée don Juan, sans le savoir, car il avait focalisé son attention sur toutes les autres choses dans ses rêves. (Il était sûr que d'avoir mentionné cette commande de don Juan avait eu le même effet sur ceux qui avaient lu ses livres et avait produit une obsession à propos de trouver ses mains.)
L'attention de rêver est une autre source de discipline qui nous rend immangeables pour les Flyers. Une fois que nous traversons le portail, quelque chose vient pour nous emmener vers une autre couche de l'oignon, ou vers l'univers duel des êtres inorganiques. Nous contrôlons la direction vers laquelle nous allons en exprimant notre intention à voix haute - essentiellement en donnant des ordres, comme « Emmène moi dans ton monde. » La seule chose qu'ils écoutent est un ordre direct, il n'est pas bon du tout de geindre, ou de supplier. Il ne faut pas leur demander quoi que ce soit de façon arrogante, mais plutôt d'une manière forte, ferme et convaincante. « Si vous êtes bien élevé, vous pouvez dire ‘s'il vous plaît' ou ‘merci' », plaisanta t-il, « mais c'est optionnel. »
Une fois que vous avez exprimé à voix haute votre désir d'aller dans leur monde, ces balles d'énergie vous emportent. Don Juan lui a dit d'aller ailleurs et de ne pas exprimer à voix haute son intention d'aller dans le monde des êtres inorganiques. Mais Castaneda a toujours eu cette étrange propension à se fourrer dans des situations dangereuses.
Enfant, Castaneda jouait de la trompette pour éviter d'aller à l'école. Il disait à son professeur qu'il avait des répétitions avec son groupe, puis il disait au groupe qu'il devait aller en cours. Ainsi, il finit par n'aller à aucun des deux. Puis, il fut transféré dans une autre école, et le type qui s'occupait du groupe de musique lui dit qu'ils n'avaient pas besoin de lui. (Il s'imita en état de choc à l'idée de devoir aller en classe.) Alors il avait décidé de rendre sa trompette inutilisable. A la nuit tombée, dans le pensionnat, il se glissa furtivement dans la salle de répétition et démarra un petit feu, en utilisant de la corde, afin de créer suffisamment de chaleur dans l'embouchure de la trompette pour rendre le ton mauvais. Mais il aurait dû utiliser du câble plutôt qu'une corde. La corde tomba dans une percussion. Alors, il essaya d'arrêter le feu avec de l'eau, au lieu de retourner dans son lit, où il n'aurait pas été surpris. Mais il n'était pas assez fort pour soulever le seau d'eau (il s'imita en train de répandre de l'eau partout), et il dut le remplir par trois fois. Il finit par se détremper les pieds. Puis il retourna dans son lit et, naturellement, fut découvert en raison des traces de pied mouillées qui l'avaient directement conduites à lui. Finalement, une aile entière du bâtiment avait brûlé. Sa famille avait dû payer pour la reconstruction de l'aile et pour les instruments. Il en avait parlé à son grand-père, son seul allié. Son grand-père avait seulement dit, « Que c'est stupide ! Tu aurais dû utiliser du câble. » Son grand-père, un peu criminel lui-même, était horrifié par la stupidité du garçon mais pas par l'acte nihiliste de brûler l'école.
Ainsi, Castaneda nous dit qu'il était un « crétin désespéré » de nature, quelqu'un qui prend des risque. Don Juan lui avait dit qu'il allait commencer à entendre une voix, celle de « l'émissaire de rêver », mais lui avait dit de ne pas l'écouter. Un jour, il entendit une voix, mais se dit à lui-même que cela devait être dû à un genre d'effet post-hallucinogène. Cependant, la voix vient d'un autre monde, et s'adapte à nous. Pour lui, cela avait commencé par être une voix d'homme qui parlait un espagnol argentin, ou un anglais de la côte ouest des Etats-Unis. Elle utilisait des termes attachants - comme « flaco », « hijito », et « boludo. » Et la voix lui avait dit qu'elle lui révélerait tout ce qu'il voudrait savoir. Mais ses résultats étaient toujours désynchronisés. Elle lui disait quelque chose à propos de quelqu'un deux mois après sa demande, ou même 5 ans après, alors qu'il n'en avait plus rien à faire.
Cette voix de l'émissaire de rêve s'attache à nous physiquement. Pour lui, il l'avait ressentie comme si elle provenait de la zone du foie.
Le monde des êtres inorganiques est essentiellement féminin, et Castaneda avait fini par entendre une voix de femme - « plutôt exquise. » Les mâles sont couvés dans ce monde parce qu'ils ne sont qu'une « petite vrille » provenant d'une base femelle. (Il imita « être un macho », puis n'être juste qu'une « petite vrille ». Puis il décrivit comment une fois, alors qu'il était chez don Juan, il s'était mouché le nez si fort que ses végétations étaient sorties. Sa réaction immédiate avait été « d'aller voir maman pour lui montrer.» Cela lui rappela alors qu'il avait travaillé dans un hôpital psychiatrique, où un type qui n'avait plus aucune sensation dans son corps avait attrapé un de ses globes oculaires, puis l'avait apporté au docteur en disant, « Regardez ce qui vient de se passer. » Etant seulement psychiatre et pas chirurgien, le docteur s'était évanoui. Le même patient fut découvert un peu plus tard en train de se scier le bras, en chantant « Le vieux MacDonald avait une ferme. »)
Don Juan ne s'attendait pas à ce que Castaneda soit si stupide. L'émissaire de rêve est un commerçant très attachant. Il dit, « Tout ce que vous avez à faire est de me dire deux mots. » Ces mots sont « Pour toujours. » - « Si vous me donnez votre parole, nous pouvons allonger votre conscience à 5 milliards d'années. Vous pourrez voir des choses inconcevables, comme le cœur d'une étoile, et vous ne brûlerez pas. Vous n'aurez pas besoin des respirer. Mais, nous ne pouvons pas vous forcer, c'est votre choix. » Don Juan lui avait dit de ne pas tomber là dedans.
Les êtres inorganiques sont aussi consommés par les Flyers, et ils désirent joindrent leur vitesse lente à la nôtre, plus rapide. La voix emmena une fois Castaneda dans le monde des êtres inorganiques et lui dit qu'il était peuplé de trois types d'êtres - ceux qui ressemblent à des bougies ondulantes, ceux qui sont ronds, et d'autres qui sont en forme de cloche. La voix lui dit aussi qu'il y avait d'autres entités qu'elle ne pouvait pas lui montrer à moins qu'il donne sa parole de rester. « Tous les rêveurs mâles ont rapporté la même expérience, don Juan inclus. » Les psychiatres et d'autres experts ne purent lui expliquer ce qu'était cette expérience, à part le produit de son esprit. Castaneda finit par faire des voyages sans fin dans ce monde, et durant l'un deux, il vit une énergie qui ressemblait à une petite fille qu'il connaissait. La « fille » lui demanda de l'aide. D'après don Juan, une des qualités de Castaneda était qu'il était capable de sauter avec bravoure pour briser les chaînes de l'autre. Il donna sa parole, son intention, ce qui épuisa toute son énergie, et il fut retenu là, bien qu'il ait réussi à libérer la « fille ». Don Juan et quelques-uns de ses associés avaient dû y aller pour le sortir de là. Ils n'y étaient pas entrés en rêvant mais grâce à des techniques de sorcellerie d'une haute maîtrise. Ainsi, Castaneda savait que c'était un monde réel, un univers jumeau.
Don Juan avait prévu de sauter en évitant le monde des êtres inorganiques. Mais Castaneda nous dit que nous ne pouvions pas faire le voyage définitif sans passer par « la maison de nos cousins. » Même si ce monde est grandement mixé avec le nôtre, don Juan avait insisté sur le fait d'en rester à l'écart. Don Juan était dans une position de déni absolu. Castaneda pense qu'il est maintenant préférable de traiter avec ce monde ; d'apprendre à le gérer avant de s'engager pour notre ultime voyage.
Les êtres inorganiques peuvent ralentir notre vitesse et augmenter la leur, en nous donnant soit des aperçus fugaces de leur présence, soit au travers d'interactions soutenues. « Les femmes n'ont pas besoin de lire beaucoup. Mais bon, il peut y avoir des femmes philosophes qui le font. » (Florinda sembla mal à l'aise à ce moment.) « Et peut-être des femmes allemandes, des femmes allemandes philosophes. »
Castaneda dit qu'il demandait toujours, comme beaucoup d'entre nous, quand est-ce qu'il serait capable de voir l'énergie, et quand les pratiques de sorcellerie auraient un impact sur lui. Puisque certaines personnes avaient dit qu'elles n'avaient pas entendu « l'horrible histoire » qu'il avait racontée le dimanche précédent, il raconta à nouveau l'histoire de don Juan lui disant qu'une façon de savoir s'il avait fait des progrès était de se pencher en avant et de péter en direction de l'est. Si c'était un gros pet, c'est qu'il faisait des progrès.
L'interaction du groupe de Castaneda avec les êtres inorganiques est bien plus grande qu'elle ne l'était au temps de don Juan. Les histoires de don Juan sur les anciens sorciers n'ont pas beaucoup aidé Castaneda à traiter avec ce monde. Tout ce que Castaneda possède sur ce monde pour continuer sont ses propres observations, et le fait que les êtres inorganiques ne peuvent pas mentir. Cependant, ils ne peuvent répondre qu'à des questions qui ne sont pas d'ordre spéculatif - par exemple, « Y a-t-il un homme de l'autre côté de ce mur ? Pourquoi y a-t-il un homme derrière ce mur ? Comment cet homme est arrivé là ? » Cela nous entraîne à être très direct. Traiter avec les êtres inorganiques nous force à devenir clair comme du cristal, car sinon l'émissaire de rêve ne peut pas nous répondre. Castaneda leur avait posé des questions à propos de notre interaction avec les êtres inorganiques, et ils lui avaient dit que cela pouvait arriver, au travers d'une immense sobriété.
Les Flyers ou « les sauteurs », sont aussi inorganiques, et se nourrissent d'autres êtres organiques. Bien que les sorciers aient été incapables de distinguer les détails de l'œuf lumineux des organismes non humains afin de discerner cet état de fait, l'émissaire de rêve avait répondu « oui » à la question de savoir si les Flyers se nourrissaient des animaux ou des autres organismes de notre monde.
Castaneda n'entend plus la voix de l'émissaire de rêve maintenant. « Les êtres inorganiques m'ont piégé dans un monde longtemps recherché par don Juan où la cognition humaine ne fonctionne pas. » Quelque chose l'a tiré à travers un « tube de conscience longitudinale, » et il s'est retrouvé sur son côté gauche. Les êtres de ce monde ont une vision à 360°, ce qui les oblige à entreprendre des actions qui sont pour nous inconcevables. Afin sortir de ce monde, une voix avait dit à Castaneda qu'il devait « tourbillonner », ce qui avait causé d'importants dommages à sa rétine. Mais la voix lui avait proposé de le ramener sans douleur, s'il lui donnait sa parole. Castaneda décida que le seul moyen de s'en sortir était d'adopter l'attitude de ne pas se soucier de s'en sortir ou pas, ce qui, en quelque sorte, lui avait permis de revenir par ses propres moyens. Maintenant, il n'entend plus la voix, et elle lui manque. Il regrette de ne pas lui avoir dit merci, car la voix lui a dit des choses stupéfiantes, inconcevables.
Un des principes de la voie des sorciers est que l'on doit payer pour ce qu'on a reçu, et si nous ne pouvons pas payer, nous devons au moins donner quelque chose d'une valeur égale.
La petite fille de 10 ans qu'il avait mentionnée la nuit précédente (l'Eclaireur orange), avait dû faire un choix - soit elle restait avec eux, soit elle retournait vivre avec ses grands-parents (les parents de Florinda). « La décision est un autre des principes des sorciers. Les sorciers voient un horizon d'ambre roussâtre en permanence. » A un certain moment se produit un mouvement de tourbillon quelque part - sur notre gauche, notre droite ou au centre - cela tourbillonne dans le sens des aiguilles d'une montre depuis la vision de l'observateur. Puis une porte s'ouvre, et vous voyez l'infini à travers celle-ci, et une décision se présente. Cela se passa ainsi pour la petite fille de 10 ans. Elle avait décidé d'aller vivre avec ses grands-parents, bien qu'elle ait affirmé vouloir rester avec eux pendant un moment encore. « Nous l'avons mise dans un avion aujourd'hui. » Sa décision était finale pour eux. Le facteur décisif pour elle fut qu'elle désirait manger des tamales. Ses grands-parents lui donnaient tout ce qu'elle voulait. Le groupe de Castaneda lui donnait aussi tout ce qu'elle voulait, sauf des tamales ou du sucre. Don Juan se fichait pas mal des choix, tout ce qui l'intéressait était de continuer sa lignée. Cependant, le choix est la seule chose que possède Castaneda, alors comment pourrait-il ne pas le respecter ? Ainsi, la petite fille a choisi de mourir.
Une fois, Castaneda était allé voir un célèbre producteur, à propos de la possibilité de faire un film sur « Les Enseignements de don Juan. » Le type le reçut dans une pièce immense, très impressionnante, dans Century City ; il avait également un bureau gigantesque, et Castaneda était assis loin au-dessous de lui. L'homme avait des bagues à tous les doigts et mâchait un cigare. Il marmonna quelques questions à Castaneda, que celui-ci ne put comprendre. Il marmonna à nouveau, et Castaneda ne put toujours pas le comprendre et commença à se sentir très mal à l'aise. Puis le producteur enleva le cigare de sa bouche et demanda, « Est-ce que la tribu s'en occupait ? » Oups, maintenant Castaneda pouvait l'entendre mais n'avait aucune idée de quoi le type était en train de parler, et pensa qu'il n'avait pas bien entendu. Il lui demanda à nouveau de répéter sa question. Finalement l'homme expliqua qu'il était en train de demander si le groupe de don Juan s'intéressait au fait que don Juan ait donné du peyotl à Castaneda. Castaneda fut grandement soulagé d'avoir au moins une question à laquelle il put répondre, et il dit, « Oui. » L'homme lui dit, « Alors il y aurait un épisode dramatique. Cette partie à propos de pisser sur des chiens m'a laissé plutôt froid. » Mais il pensait que la scène avec les autres Indiens contrariés par le fait que Castaneda reçoive du peyotl avait une vraie tension dramatique. (Castaneda imita les Indiens hollywoodiens en train de dire, « Brûlons-le. ») Le producteur voulait également que Mia Farrow soit dans le casting pour jouer l'intrigue romanesque. Elle resterait en arrière et jouerait « une femme qui dit, ‘Ne prends pas cette drogue !' Et tu le fais quand même. C'est la confrontation. »
Castaneda a rencontré beaucoup de gens d'Hollywood au fil des années. Il ne peut plus les supporter. Ils pensent tous que ses livres sont des créations fictionnelles. Castaneda avait expliqué que les livres étaient juste des explications phénoménologiques de quelque chose que tout le monde peut faire. « Mais personne ne nous en a parlé avant. » Il fit la description d'une femme gourou célèbre avec qui il avait dîné à Los Angeles, et qui tenait en permanence les testicules d'un grand et jeune masseur tout en lui parlant. Castaneda demanda finalement au type comment il pouvait supporter cela, et l'homme lui répondit, « La réponse c'est de ne jamais être seul. » Castaneda nous demanda, « Est-ce vraiment cela la réponse, de ne jamais être seul ? »
Une fois, Castaneda dut se faire opérer d'une mauvaise hernie. Une couverture de survie fut nécessaire afin qu'il supporte l'opération. Durant l'une de ses explorations dans la seconde attention, il avait fait quelque chose qui avait endommagé son corps. Il aurait pu se soigner lui-même, mais n'avait pas le temps ou l'énergie. Il fit une description du docteur en train de lui expliquer tous les risques de l'anesthésie - une explication complète d'un « grand homme à un autre grand homme, » tout cela, tandis que Castaneda était totalement nu. Ensuite un homosexuel mexicain était entré, et Castaneda imita le gars en train de rouler les yeux avec des gestes maniérés. Le gars dit à Castaneda de se mettre en position fœtale. Puis, il lui dit qu'il allait le maintenir et que cela ne lui ferait pas du tout mal. Castaneda trouva absurde que cette scène puisse être sa « dernière scène sur Terre. » Après qu'il s'être réveillé, une infirmière lui dit, « Vous voulez regarder la télévision, n'est-ce pas ? » Et sans même le regarder ou attendre sa réponse, elle alluma la télévision et repartit. Il vit alors Guru Rajneesh à la télévision en train d'expliquer qu'une femme de son entourage venait de lui voler 52 millions de dollars, et qu'il pensait que cette femme voulait contrôler le monde. Une autre scène absurde, qui fit rire Castaneda de façon incontrôlée. Castaneda se demandait ce que ces deux scènes ridicules pouvaient présager et en comment elles étaient connectées avec cette opération vitale.
« Vous êtes impeccable et vous posez votre intention. Le reste arrive tout seul. » Les anciens sorciers ne permirent jamais à leur conscience de grandir au-dessus de la région de la poitrine. En maintenant leur conscience à cet endroit, ils firent des assertions inexactes sur les êtres inorganiques et sur leur habilité à les aider dans ce plan. S'ils avaient laissée leur conscience croître au-dessus de leur tête, afin que celle-ci recouvre leur œuf, ils n'auraient pas fait ce genre d'erreur.
Don Juan disait, « Laisse le résultat en dehors de ton domaine. Lance ton intention, ton effort, et ensuite oublie tout ça. N'essaye pas de contrôler les résultats. » Castaneda nous recommanda d'essayer cette méthode avec quelque chose de très simple au début. (Il plaisanta sur le fait que nous ne devions pas laisser un marché d'un million de dollars se régler tout seul, pour ensuite dire, s'il n'était pas conclu, « C'est ce que Castaneda nous a dit de faire. »
A dix-huit heures, Castaneda commença à répondre aux questions. La première était de Louis : « Comment fait-on pour attraper des êtres inorganiques ? » Castaneda répondit : « Il faut insister. Mais vous devez leur laisser du temps parce qu'ils se déplacent lentement. » Il plaisanta sur quelqu'un qui attendait une heure ou deux, puis qui laissait tomber l'affaire. Il dit aussi qu'il avait l'habitude de crier, « Intention ! » et qu'un des membres de son groupe, sans doute Florinda, avait l'habitude de crier « Intention ! » de vive voix, ce qui faisait que ses voisins appelaient régulièrement la police. Il nous avertit aussi de ne pas se sentir penaud et de ne pas avoir de doutes lorsqu'il s'agissait de parler aux êtres inorganiques. « Ce que vous avez pour traiter avec eux c'est votre discipline, la discipline de la Tenségrité. »
Un homme posa une question à propos des Eclaireurs bleu et orange, mais Castaneda éluda la question, disant que ce n'était pas pertinent concernant les êtres inorganiques.
Une femme demanda comment s'échapper du monde des êtres inorganiques une seconde fois (c'est-à-dire, lorsqu'ils l'ont emmené vers le monde à 360°), Castaneda répondit : « J'y suis encore. » Il expliqua que c'était pour cette raison qu'il louchait. Il raconta qu'il était allé chez deux médecins différents, des spécialistes des yeux. Le second avait diagnostiqué que son état était dû au fait que Castaneda avait des relations sexuelles intenses, et de violents orgasmes. Il avait appris à ne prendre que les conseils ou les spéculations des médecins, sans tenter de leur raconter comment cela lui était vraiment arrivé. Ce médecin avait aussi calculé son âge, il avait trouvé 75 ans, et il était impressionné que Castaneda ait de violents orgasmes à cet âge.
Castaneda eut une fois une infection à la vessie après une de ses expériences. Il alla chez un médecin sous le nom de « Ramon Garcia. » Le médecin lui dit, « Ramon Garcia, qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? C'est une blennorragie. » Castaneda fit l'erreur de vouloir expliquer que cela était dû à un combat d'une grande ampleur énergétique. Le médecin diagnostiqua alors tout naturellement qu'il était fou, avec une blennorragie. Un jour, le célèbre psychiatre pour lequel travaillait Castaneda lui demanda, puisqu'il était tellement intéressé par l'ethnométhodologie, s'il voulait aller au troisième étage, là où se trouvaient les patients atteints de maladie mentale, afin qu'il puisse les étudier en tant que membre de leur groupe. Castaneda demanda, « Et si quelque chose vous arrive ? « (Sous-entendu que personne d'autre ne sache que Castaneda n'était pas vraiment un patient). Le psychiatre était sûr que Castaneda pourrait négocier afin de se sortir de là d'une manière ou d'une autre.
Thomas demanda si on pouvait pratiquer l'attention de rêver et la récapitulation en même temps. Castaneda répondit, « Oui, vous pouvez appeler l'attention de rêver en même temps. » Cela ne prend pas beaucoup de temps, comparé au temps que nous passons devant la télévision. Un homme posa une question à propos des Flyers qui n'apporta pas beaucoup de nouvelles informations. Castaneda dit que les Flyers sont « intégralement sur nous. » un homme demanda si le célibat était important. Castaneda dit, « Si vous êtes des baises ennuyeuses, oui. » Il raconta à nouveau l'histoire de son cousin « Rigoti », et comment son grand-père avait dit à Castaneda - « Arana » -- qu'il devrait imposer sa volonté et passer par la fenêtre, tandis que le beau Rigoti serait invité à passer par la porte. Le leitmotiv de son grand-père, que Castaneda adopta par la suite, était, « Tu ne peux pas faire l'amour à toutes les femmes du monde, mais tu peux essayer ! » Castaneda était né après une baise rapide - « derrière la porte » -- donc, il était tout le temps nerveux. Si vous êtes le fruit d'une relation passionnée, il n'y a pas de problème. Vous pouvez avoir autant de relations sexuelles que vous voulez.
Un homme demanda si la taille du point d'assemblage avait une limite extérieure. Castaneda dit qu'il avait habituellement la taille d'une balle de tennis. Il dit que le seul point d'assemblage immense qu'il avait vu était celui de la femme gourou qui attrapait les testicules du jeune masseur. Mais son point d'assemblage était très figé, alors qu'il aurait dû être fluide. Lorsque le point d'assemblage d'une personne est fixé, cette personne fait partie des personnes « qui savent tout » ; qui savent ce qui va et ce qui ne va pas. Elles sont des « autorités » et sont très coincées. Castaneda expliqua que le seul moyen de fluidifier le point d'assemblage était la récapitulation. Il mentionna que nous, les auditeurs, étions devenus plus forts en la pratiquant. « C'est génial d'intentionner la fluidité du point d'assemblage. »
Un homme posa une question sur le Défieur de la mort. Castaneda dit que ce serait le sujet de sa dernière conférence. Un homme demanda si les êtres inorganiques organisaient aussi des séminaires. Castaneda ria et dit, « peut-être ». L'homme demanda aussi si cela intéresserait les êtres inorganiques d'avoir une relation symbiotique avec nous. Castaneda dit, « Oui. Ils sont plus sages et plus vieux que nous, et ils adoreraient fusionner avec notre vitesse. Mais cette possibilité reste exclue, à moins que nous nous consacrions à la révolution de don Juan. » Un homme posa une question sur l'intention. Castaneda dit que nous allions y venir, en parlant de la traque. Une femme demanda, « Peut-on intentionner d'aller soit dans le monde des êtres inorganiques, soit dans d'autres lieux si une boule d'énergie vient à notre rencontre en rêve. » Castaneda répondit que oui, mais que don Juan ne lui en avait jamais parlé.
Un homme demanda si Castaneda avait des alliés, et s'il les utilisait. Castaneda répondit, « Non. » Il expliqua que les alliés étaient des entités très primitives qui provenaient de la lignée de don Juan. Castaneda avait des « trucs mieux que ça », et ces entités s'étaient tout simplement évanouies. L'intérêt de Castaneda est l'élucidation, il veut que « le monde des sorciers soit compréhensible en nos termes. » Une femme posa une question sur les moyens de stopper le dialogue intérieur. Castaneda fit le mouvement de picorer avec ses doigts, et suggéra que c'était un exemple, car nous devons être très attentif à ce que nous faisons. Les Chacmools le conduisent souvent dans certains endroits sans dire un mot. Elles ont tellement coupé leur dialogue intérieur que même entre elles, elles ne se parlent pas. « Elles ont fait de la Tenségrité tellement longtemps qu'elles ne parlent plus. Jusqu'à ce que vous leur demandiez de parler, et là elles ne peuvent plus la fermer. »
Castaneda nous dit aussi de ne pas nous laisser gouverner par les statistiques qui disent que nous n'absorbons que 3,5% de ce que nous entendons au cours d'une conférence. Castaneda avait l'habitude de se fier à cette affirmation, et s'en servait comme excuse pour dormir durant les conférences auxquelles il assistait, puisque de toute façon il n'allait en absorber que trois et demi pourcents (ou six pourcents si elle était répétée). Un homme posa une question sur le point d'assemblage des plantes. Castaneda dit que les arbres ressemblaient à d'énormes blobs de luminosité, et que leur point d'assemblage se trouvait tout en bas, au niveau des racines. Ainsi, les arbres assemblent la perception, ils perçoivent. L'ensemble des végétaux ont leur point d'assemblage au pied de leur cambrure. Leur point d'assemblage est habituellement plat, bien que certains soient de forme géométrique - les diamants par exemple. Les eucalyptus ont un point d'assemblage très « contracté », on dirait qu'il a des dents. Et Castaneda se demandait si nous savions pourquoi les gens disaient qu'ils sont mauvais pour l'environnement. Deux personnes avancèrent que les eucalyptus empoisonnaient le sol autour d'eux, que c'était « allopathique ». Les figuiers ont un point d'assemblage d'apparence exquise. Castaneda raconta une histoire où il avait été pratiquement tué par un figuier. Il était en train de cueillir des fruits pour Florinda, et l'un d'eux se balança devant lui en disant : « Mange-moi ! » Castaneda avait une intolérance héréditaire au fructose. Cependant, il avait commencé à manger tous les fruits de l'arbre. Ils l'avaient retrouvé inconscient. « Je me suis réveillé deux ans plus tard », plaisanta t-il.
Une femme posa une question sur la dichotomie, et comment cela était en relation avec la Tenségrité. Castaneda dit que la Tenségrité consistait en une série de tensions et de relâchements. Nous ne devons pas chercher la dichotomie, car le monde est déjà en dichotomie quoi que nous fassions. Don Juan avait tenté d'unifier Castaneda dès le début. Une femme posa une question à propos du fait que l'on ne pouvait pas être volontaire pour faire partie du monde des sorciers. Castaneda dit, « Non, votre intention fait une offre. » Il dit qu'il attendait une certaine action spéciale pour révéler la prochaine étape. « Notre dernier rempart est l'ego, et quand il est démasqué, où pouvons-nous aller ? » Il nous dit d'essayer de récapituler et d'exercer notre attention de rêver. « Certains prennent ça au sérieux, alors nous verrons bien... » Si nous faisons cela, notre vie dans la vie quotidienne deviendra plus forte, plus serrée. Nous ne serons plus à la merci des autres, comme ce fut le cas lorsque nous sommes nés dans ce monde en tant que « baises ennuyeuses. »
Un homme posa une question sur la connexion entre l'Aigle et les Flyers. Castaneda répondit que don Juan ne savait pas. Il n'avait pas pu répondre lorsque Castaneda lui avait posé la même question. Un homme posa une question sur la suggestion qui avait été faite la nuit précédente de rediriger notre attention, alors même qu'elle se trouve au niveau de nos pieds, depuis la position du moi-moi-moi. Castaneda dit qu'il nous avait donné des instructions à ce propos, c'était comme lorsque don Juan lui avait dit de chercher ses mains.
Une femme posa une question sur les êtres inorganiques et sur la tentative de don Juan de les éviter en partant pour son voyage définitif. Castaneda dit que don Juan était le parfait exemple du guerrier abstrait désirant la liberté abstraite, mais il supposait que son saut avait été minimisé parce que les membres praticiens de son clan étaient trop concrets. On a besoin d'une relation très sobre avec les êtres inorganiques pour naviguer dans leur monde. Tony, le bouddhiste tibétain qui a pris la photo des Flyers sur les pyramides, serait avec nous le dimanche suivant. C'est un « gars charmant ». Il a de grands yeux qui décrivent de larges cercles. Il est aussi un excellent traducteur qui fait de la traduction instantanée. Quelqu'un demanda comment Tony avait pris la photo. Il y avait 90 000 mexicains catholiques et bouddhistes à cet endroit, ainsi que le Dalai Lama. Tony est aussi « un saint ». Ils l'appèlent « Tony Lama. » Il avait organisé l'évènement, et y avait pris beaucoup de photos, en rafale. Sur l'une d'entre elles, il y avait une tâche qu'il a ensuite agrandie. Il l'a apporté à Carol Tiggs. Lorsqu'elle l'a montrée à Castaneda, ils le prirent comme le signe qu'il était temps de parler des Flyers. Don Juan lui avait dit de ne jamais en parler, car sinon les gens allaient sûrement le brûler.
Un homme demanda comment les sorciers utilisaient les noms. Quelle était leur fonction ? Castaneda dit que les noms n'étaient pas permanents. Ils dépendent de l'étape où nous sommes sur le chemin. Lui-même n'est plus « Carlos Castaneda ». Tout son corps a changé, et il a besoin d'un nouveau nom. Il a un autre nom, mais qui n'est pas encore tout à fait « coagulé. » Avoir juste un seul nom est trop bizarre, trop monogamique. Un homme demanda si l'univers avait de l'affection. Castaneda dit que la question n'était pas de savoir si l'univers était affectueux, mais plutôt de savoir si nous pouvions créer ce lien d'affection avec notre impeccabilité. La force de l'intention ou de l'esprit est là, mais nous ne pouvons lui faire face qu'avec une immense énergie. Si nous lui faisons face alors que nous sommes faibles, elle nous détruira. Si nous sommes fort, elle deviendra une force immensément accrue. Une femme demanda comment nous devions faire pour revenir de rêve. Castaneda expliqua que c'était comme une bande élastique - vous l'étirez autant que votre énergie le permet, puis quelque chose vous ramène. « Et vous n'êtes même pas en sueur. » Il plaisanta sur le fait d'être parti en rêve avec le costume qu'il portait, son préféré, et que celui-ci était revenu avec lui en parfaite condition, « repassé. »
Il mentionna à nouveau la petite fille et dit qu'elle était extrêmement intelligente et qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle leur avait demandé de l'excuser auprès de tout le monde d'être une petite fille ne sachant pas comment choisir. » Castaneda sembla très affecté par cette affirmation. Il raconta comment nous tentons de prendre la fuite devant les loups, en nous cloîtrant derrière une porte qui s'avère n'être qu'un encadrement de porte. Il n'y a aucun endroit où fuir dans ce monde. Quelqu'un demanda si la petite fille aurait une seconde chance. Castaneda répondit, « Non. Ce vortex ne s'ouvre qu'une seule fois. » Il dit qu'il n'avait aucun regret à propos de la petite fille. Ils avaient agi impeccablement avec elle. Elle avait pris sa décision, et à présent elle n'existait plus pour eux. C'était juste une histoire, une histoire poignante qu'il nous racontait. C'est ce que font tous les sorciers.